Message de Jean-Paul II 

Traduction provisoire d’après la traduction italienne

Original allemand

 

 

Aux participants à la rencontre œcuménique « Ensemble pour l’Europe »

 

Le 8 mai à Stuttgart, se déroulera la rencontre « Ensemble pour l’Europe » avec la participation de Mouvements catholiques, protestants et orthodoxes, pour fêter une journée européenne de rencontre et de dialogue.

J’apprends avec joie que des chrétiens d’Europe se réunissent, juste au moment de l’élargissement de l’Union européenne à de nouveaux Etats, pour réfléchir sur les racines chrétiennes et sur le futur du continent à la lumière de l’Évangile. La lumière de l’Évangile, en effet, a éclairé l’histoire de l’Europe, générant une communion entre les peuples liés par le même sort. Connaître la Parole vivante de l’Évangile a souvent signifié pour des peuples entiers former une unique aire culturelle, s’unir dans la même histoire, celle qui s’est appelée Europe.

 

Il ne s’agit pas seulement d’une histoire désormais dépassée. Lorsque l’on parle du christianisme en Europe, on fait allusion également à son passé récent, au présent et à l’avenir. Le processus de l’unification européenne a vu le jour après l’amertume laissée par la seconde guerre mondiale. Par la suite les « Pères » de l’unité européenne, mus pour la plupart par leur foi chrétienne, ont mis en route un processus d’unification du continent, dont nous récoltons les fruits aujourd’hui. L’Europe a commencé à promouvoir la réconciliation et la paix entre les nations qui s’étaient malheureusement fait la guerre pendant des siècles.

Dès le début, le Saint-Siège a soutenu l’intégration européenne, soulignant – comme je l’ai dit récemment – que « la réussite durable d’une telle union devrait être liée au christianisme comme son facteur d’identité et d’unité ».[1]

 

La foi chrétienne représente cependant le présent et le futur de l’Europe également. Par l’enthousiasme de leur foi chrétienne et par leur conscience d’être européens, de nombreux membres de Mouvements spirituels démontrent à Stuttgart leur confiance dans le futur d’une Europe illuminée par l’Évangile. De nombreux témoins de la foi, victimes des persécutions cruelles et douloureuses de l’histoire de l’Europe du XX° siècle, sont pour les confessions chrétiennes, un trésor commun. Que cette hérédité renforce dans les chrétiens européens le désir d’unité et l’engagement commun pour l’œuvre de l’évangélisation !

 

Engagés à réaliser une société plus humaine, ouverte à d’autres et solidaire dans l’amour, nous ne devons pas nous lasser d’ouvrir nos cœurs à l’Évangile. Les chrétiens de divers Mouvements spirituels réunis à Stuttgart confirment que l’Évangile les a conduits à dépasser les nationalismes égoïstes et à voir l’Europe comme une famille de peuples, enrichie de la variété culturelle et des différentes expériences historiques ; l’Europe unie en même temps dans une sorte de communauté soudée par le même destin historique. L’Europe de demain a besoin de cette conscience pour prendre part aux grands événements auxquels l’histoire la convie.

 

Le dialogue œcuménique contribue essentiellement à développer une identité européenne fondée sur la foi chrétienne. Ce dialogue est au cœur de la rencontre de Stuttgart, où des chrétiens catholiques, avec des protestants et des orthodoxes discutent des questions communes concernant la vie du continent européen. Grâce à un dialogue attentif et respectueux, les Mouvements sont ceux qui offrent une contribution importante pour renforcer le commandement de l’amour du Seigneur parmi les chrétiens.

L’Europe unie cependant ne peut pas ne penser qu’à elle-même et se limiter à son propre bien à l’intérieur de ses propres frontières. L’Europe est appelée à servir le monde, notamment les régions les plus pauvres et oubliées, comme l’Afrique qui souffre de tant de graves problèmes. On ne peut pas construire une maison commune en Europe sans s’occuper du bien de toute l’humanité.

« Nous pouvons dire que l’Europe de l’avenir dépend de sa capacité de regarder au-delà de ses propres frontières, notamment dans la direction de l’hémisphère sud, déchiré par un grand nombre de conflits et où règne l’injustice devenue désormais insupportable ».[2]

 

L’Europe a besoin de l’engagement et de l’enthousiasme des chrétiens, notamment des jeunes, pour accueillir la bonne nouvelle de l’Évangile du Christ. En effet, « au début du nouveau millénaire s’impose avec urgence le devoir d’un engagement renouvelé de la part des croyants pour répondre aux défis de la nouvelle évangélisation. Dans cette optique un rôle important est confié aux Mouvements d’Église. »[3]

 

La nouvelle évangélisation donne une âme à l’Europe et aide le continent à ne pas continuer à vivre pour lui-même et à rester enfermé dans ses frontières, mais à construire une société plus humaine qui respecte la vie et à réaliser une présence généreuse sur la scène du monde.

 

J’envoie bien volontiers ma bénédiction à l’évêque de Rottenburg-Stuttgart et à tous les évêques et prêtres présents à la rencontre de Stuttgart « Ensemble pour l’Europe ». D’autre part, je salue très cordialement les participants de cette grande rencontre, les Mouvements qui l’ont organisée et tous ceux et celles qui se sont unis à ce rassemblement par le dialogue et la prière. Je prie Dieu tout-puissant, Dieu infiniment bon, qu’il bénisse l’œuvre de tous ceux qui diffusent l’Évangile en Euope : qu’il donne à nous tous une ère de paix et de solidarité.

 

Du Vatican, le 6 mai 2004

 

Jean-Paul II


 

[1]           Discours à l’occasion de la remise du Prix international Charlemagne de la ville d’Aix-la-Chapelle, 24 mars 2004.

[2]           Lettre au Cardinal Edward I. Cassidy à l’occasion de la VI° rencontre de prière pour la paix mondiale à Bruxelles, le 10 septembre 1992.

[3]           Lettre à Chiara Lubich à l’occasion du 60° annivesaire de l'Œuvre de Marie, du 4 décembre 2003.

 

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Robert Schuman,

initiateur de la Communauté des Peuples de l’Europe,

prophète pour notre temps.

 

par Jacques Paragon,

Secrétaire général de l’Institut St Benoît, Patron de l’Europe

 

Né au Luxembourg en 1886 comme citoyen allemand, devenu français à 33 ans, en 1918, au retour de l’Alsace et de la Moselle à la France, Robert Schuman avait à cœur de changer, une fois pour toutes, le sort peu enviable de populations ballottées, au gré des aléas de l’histoire, d’une nation à une autre.

Devenu providentiellement Ministre des Affaires étrangères du gouvernement français en 1948, il publie le 9 mai 1950, une « Déclaration » qui invite solennellement les nations démocratiques européennes à s’associer librement en vue d’édifier une « Communauté de destin » sans précédent dans l’histoire. De ce jour date la naissance de l’Europe communautaire. Un chapitre nouveau s’ouvrait alors dans l’histoire de l’Europe et du monde.

Six pays européens répondirent à cet appel : l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, avec la France ; ils vont former le noyau d’une communauté des Peuples de l’Europe qui comptera, par étapes, un ensemble de 25 nations un demi-siècle plus tard.

Dans son livre-testament Pour l’Europe paru peu après sa mort, en 1963, Robert Schuman écrit : « Cet ensemble ne pourra et ne devra pas rester une entreprise économique. Il lui faut une âme, la conscience de ses affinités historiques et de ses responsabilités présentes et futures, une volonté politique au service d’un même idéal humain. »

Devenu député, contre son gré, en 1919, Robert Schuman reconnaîtra plus tard qu’il était un « instrument » de la Providence. Il était providentialiste : « Nous sommes tous des instruments, bien imparfaits, d’une Providence qui s’en sert dans l’accomplissement des grands desseins qui nous dépassent » écrit-il au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Conscient de cela, il se consacra à l’Europe communautaire dès lors qu’il reconnut avoir été choisi comme instrument pour engager l’Europe dans une nouvelle phase de sa mission historique. « L’Europe a procuré à l’humanité son plein épanouissement. C’est à elle qu’il appartient de montrer une route nouvelle, à l’opposé de l’asservissement, par l’acceptation d’une pluralité de civilisations, dont chacun pratiquera un même respect envers les autres » écrit-il dans son livre Pour l’Europe.

Ce livre dévoile à quel point il avait une vision prophétique de l’Histoire. Ce n’est qu’à travers une telle vision qu’il a pu franchir l’abîme qui séparait les heurts sanglants entre nations d’une collaboration harmonieuse au sein d’un ensemble de type nouveau. Aussi peut-on considérer Robert Schuman comme un prophète pour notre temps. Un prophète, on le sait, ne prédit pas des événements à venir, il dévoile les lignes de forces sur lesquelles se déploie l’avenir. Et l’on voit déjà que l’idéal communautaire entrevu par Robert Schuman s’esquisse dans d’autres régions du monde que l’Europe : l’Amérique du Nord et du Sud, l’Asie du Sud-Est et même l’Afrique. Et ce sera l’unique solution à la tragédie millénaire qui secoue le Proche-Orient.

Robert Schuman était tellement pénétré de cette vision communautaire que, de 1953 à 1958, il s’est fait sur plusieurs continents, le ‘Pèlerin de l’Europe’. Il a déployé en Europe et en Amérique, en français, en allemand et en anglais, la vision dont il était habité et à laquelle il a donné la première réalisation concrète dans l’Histoire.

D’où venait cette vision ? Qu’est-ce qui  lui donnait cette force nécessaire pour la traduire dans les réalités politiques réfractaires à tout changement fondamental ?

Nul doute à cela, la foi était le levain de sa vie et de son action. Avec le lait maternel, il a bu la foi chrétienne qui orientera toute sa vie et toute son action. Et il avait une idée très forte de l’idéal que le christianisme finit par imposer aux hommes et aux nations.

Dans son livre, il écrit : « Le christianisme a enseigné l’égalité de nature de tous les hommes, enfants d’un même Dieu, rachetés par le même Christ, sans distinction de race, de classe ou de profession. Il a fait reconnaître la dignité du travail et l’obligation pour tous de s’y soumettre. Il a reconnu la primauté des valeurs intérieures qui seules ennoblissent l’homme. La loi universelle de l’amour et de la charité a fait de tout homme notre prochain et sur elle reposent depuis lors les relations sociales dans le monde chrétien. Tout cet enseignement et les conséquences pratiques qui en découlent ont bouleversé le monde. »

Dans un autre passage, il élargit cette vision : « La démocratie doit son existence au christianisme. Elle est née le jour où l’homme a été appelé à réaliser dans sa vie temporelle la dignité de la personne humaine, dans la liberté individuelle, dans le respect des droits de chacun, et par la pratique de l’amour fraternel à l’égard de tous. Jamais avant le Christ de pareilles idées n’avaient été formulées. La démocratie est ainsi liée au christianisme, doctrinalement et chronologiquement. Elle a pris corps avec lui,- par étapes, à travers de longs tâtonnements, parfois au prix d’erreurs et de rechutes dans la barbarie. »

On le voit, Robert Schuman avait une vision claire de la Genèse de l’histoire et plus particulièrement de celle de la forme communautaire. D’où lui venait cette vision ? C’est dans la spiritualité de Saint Thomas d’Aquin qu’il a puisé la substance de sa pensée. Dans sa bibliothèque figuraient, à la place d’honneur, les volumes de sa Summa theologica dont les 1200 pages étaient toutes annotées de sa main.

C’est à de bonnes et hautes sources que Robert Schuman nourrissait sa pensée. L’Histoire lui a offert l’opportunité de traduire dans les réalités des peuples de l’Europe sa vision prophétique de l’avenir. Robert Schuman a vraiment voulu donner une âme à l’Europe ; il en a fait l’œuvre de sa vie.

 

 

L’Institut Saint-Benoît Patron de l’Europe est demandeur de la Cause de béatification de Robert Schuman depuis le 15 aout 1988. A ce titre, et par son action il cherche à manifester « la sainteté de la politique à travers l’exemple vivant de Robert Schuman.

Cette Cause a été officiellement reconnue par l’Eglise qui e-st à Metz en juin 1990. L’enquête canonique requise, longue et méthodique, s’achève au plan diocésain le 29 mai 2004. Le dossier pourra alors être acheminé à rome, pour instruction par la Congrégation pour les Causes des Saints.   

 

 

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La communauté de l’Arche se présente et fait découvrir l’itinéraire d’une personne handicapée.

 

Patrick Zehr, handicapé mental, a désiré partager avec vous aujourd’hui son itinéraire personnel : un itinéraire où il a pu renaître et par çà retrouver sa dignité C’est en son nom et comme sa référant au foyer que je vais vous transmettre son témoignage.

 

Patrick n’est jamais allé à l’école. Profondément handicapé à la suite d’une encéphalite, il a passé la majeur partie de son enfance à l’hôpital et faute de trouver une vrai place dans sa famille il a été interné à l’hôpital psychiatrique dès l’âge de 14 ans.

Là Patrick abandonné par les siens, y séjourne 16 ans dans des conditions quasi carcérales.

Par l’intervention de l assistante sociale du C.A.T où il aidait à fabriquer des chaussures il entre à l’Arche.

 

Agé de 30 ans il arrive avec l’étiquette de débile mental profond, dans un état de pauvreté totale et de violence aiguë .Une assistante de l’époque nous raconte maintenant que lorsqu’elle est arrivée au foyer elle a vu une autre assistante avec un oeil au beurre noir .Et à cela on lui a répondu de ne pas s’inquiéter ‘C’est Patrick’. Elle a pensé que ce Patrick était une terreur. Mais elle fut bien surprise de voir arriver un petit bonhomme à l’allure sauvageonne : sa tenue était négligée, il avait la barbe et les cheveux sales. Son corps avait l’air totalement cassé .A cette époque Patrick inspirait autant la répulsion que la peur.

 

Il frappait souvent sur les assistants. Il y avait une violence énorme en lui et s’exprimait à coups de poings .Quand il ne comprenait pas il frappait .Son langage ne comportait que 2 mots :’oui’ et ‘non’

Petit à petit les assistants s’aperçoivent que lorsque Patrick arrive à communiquer il cesse d’être violent.

Patrick semblait avoir une soif infinie de liberté. Il faisait souvent des fugues et en revenait sal et cassé ; parfois il fallait aller le chercher à l’hôpital .Peut être voulait-il retrouver ses racines. Des lettres on été envoyées à sa famille mais il n’y a jamais eu de réponse.

 

  Il a été baptisé par la suite .Au début il venait pour être avec les assistants et pour regarder les jolies filles, mais au moment de la consécration il se tournait vers l’autel et suivait la célébration d’une façon très spécial .Alors on lui a demandé s’il voulait recevoir Jésus et il a répondu avec une grande force ‘oui ‘

Le baptême a été une belle fête autour de Patrick .Un moyen pour lui de renaître.

Patrick devenait beau à force d’être heureux .Au moment de la Paix du Christ lui qui ne parlait jamais est allé voir sa marraine et lui a dit ‘la paix de jésus …et tout çà ‘

 

Et puis les relations avec Patrick ont évolué, il s’est laissé accompagner sur les trajets pour aller à son travail .Très vite les fruits sont apparus : Patrick s’est apaisé, il se sentait rassuré Il s’est senti aimé. Au centre occupationnel de l’Arche où il travaille on s’est occupé de lui et il a appris à avoir confiance en lui et dans les autres.

IL a l’intelligence du faire, Patrick est habile de ses mains, il a pu s’initié a la peinture, à la menuiserie, à la cuisine, à la piscine et bien d’autres activités.

C’est un homme qui aime les sorties culturelles, il est curieux de tout et a un fort goût de la découverte.

 

Patrick a laissé les assistants prendre soins de son corps, de le raser, de l’emmener chez le coiffeur, chez le dentiste  de l’aider à choisir des vêtements et des lunettes .Au fond Patrick est quelqu’un de coquet qui apprécie qu’on lui offre de jolies choses .Dans ce climat de confiance que lui donne le foyer un petit miracle se produit et Patrick se met à parler de plus en plus et sa violence disparaît totalement.

Patrick aime énormément regarder se qui se passe autour de lui, il répond facilement un oui à toute proposition qu’on peut lui faire que se soit pour une ballade ou bien même pour éplucher les patates.

Il a appris à différencier ce qui est bien et ce qui est mal .La délicatesse est réellement présente en lui .Avec le temps Patrick est devenu sociable et profondément heureux.

 

Il y a quelques mois j’ai vécu le décès d’une personne de ma famille, ce fut pour moi un moment assez douloureux .Patrick a senti la tristesse qui m’habitait et par sa présence m’a soutenu avec une délicatesse qui dépasse ce que les gens ordinaires aurait pu me donner.

Patrick a l’intelligence de la présence et il nous en fait profiter. Je me suis aperçu qu’il était quelqu’un de très fin qui transmet la joie à son entourage par sa simplicité et son attention à chacun .Même si en lui il reste une partie cassée on peut dire qu’il est devenu un homme, un adulte.

Communauté de l’Arche


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L’économie de Communion

 

C’est sur le terrain de l’économie et de l’entreprise que l’expérience dite « économie de communion » se développe depuis 1991 dans le mouvement des Focolari.

 

Elle  prend sa source dans ce que vivaient les premiers chrétiens qui ne considéraient pas leurs biens comme leur appartenant, mais mettaient tout en commun parce qu’ils étaient « un seul cœur et une seule âme ». Quelle en était la conséquence ? « Aucun parmi eux n’était dans le besoin ». Voilà ce qui peut résoudre le problème de la pauvreté, plaie de notre humanité.

 

L’originalité de l’économie de communion, c’est que le don, le partage, n’est pas seulement vécu au niveau individuel mais devient une finalité de l’entreprise. C’est tout un réseau d’entreprises, 800 environ dans le monde sur tous les continents, qui apporte un témoignage collectif dont le but est « qu’il n’y ait plus de pauvres parmi nous ».

 

Les chefs d’entreprise font le choix radical de donner une part des bénéfices dégagés par l’activité de leur entreprise, après avoir réservé la part nécessaire au réinvestissement, pour les deux buts suivants :

-         l’aide aux personnes qui n’ont pas de ressources suffisantes, pour qu’elles retrouvent une place dans la société

-         et le développement de structures permettant la formation à une culture du don et de l’amour, qui est celle de l’Evangile. 

 

Ces chefs d’entreprise sont amenés à  vivre dans leur propre entreprise toujours plus en cohérence avec ce choix. Voici quelques exemples qu’on pourrait multiplier :

Un paysagiste français, qui détenait depuis plusieurs années un marché public et comptait sur son renouvellement, a vu un concurrent l’obtenir par une offre déraisonnablement basse. Difficile à accepter ! Ce concurrent l’ayant ensuite sollicité pour une sous-traitance, il était tenté de réagir d’une façon hostile. A cause de son implication dans l’économie de communion, il a fait un revirement intérieur. Il est allé rencontrer son concurrent dans une démarche de vérité et a rétabli avec lui une relation saine. Il a constaté que ce contrat perdu lui a permis de recentrer son activité sur une autre clientèle, ce qui s’est avéré profitable, et que le concurrent a eu par la suite un geste bienveillant à son égard.

 

Un entrepreneur du sud-ouest avait créé et développé une entreprise française fabriquant des gros articles en plastiques. Inventeur passionné, il avait déjà cédé des licences d’exploitation de ses brevets dans plusieurs pays, quand il décide d’adhérer à l’EDC dès son lancement en 1991.

Il choisit alors de donner une part des profits de son entreprise. En plus il décide d’offrir, gratuitement cette fois, ses brevets et sa technologie au Brésil. Ce choix l’entraîne à y apporter aussi des capitaux, à les donner, à y passer beaucoup de temps. Les tracasseries administratives y sont inimaginables. Pour démarrer la production là-bas, il doit y passer un mois entier, ce qui est une folie pour un patron avec une centaine d’employés. Il y retourne chaque trimestre depuis, c’est un combat contre la corruption, les problèmes techniques et commerciaux, mais la confiance qui s’instaure avec les brésiliens, leur volonté d’apporter ensemble une contribution efficace pour les gens de ce pays, les pousse à persévérer. Aujourd’hui la société créée là-bas sur place a pris une part de marché significative, et peut générer des profits qui sont  partagés.

 

Des rapports nouveaux entre le personnel et leur patron se construisent:  par exemple cet entrepreneur de Bâtiments et travaux publics en Hongrie, qui avait beaucoup impliqué ses ouvriers dans la vie de l’entreprise; quand celle-ci a été victime d’un énorme impayé qui risquait de la couler, le personnel a proposé de venir faire des heures supplémentaires non payées pour terminer rapidement plusieurs chantiers et faire rentrer l’argent, et des clients ont payé immédiatement des travaux effectués qu’ils auraient pu ne payer que plus tard.

L’entreprise a été sauvée.

 

Cette culture de l’amour, c’est-à-dire le fait de se considérer, avec chaque homme sur la terre, comme enfants du même Père, et donc appartenant à la même famille, est essentielle dans l’économie de communion : on ne peut laisser manquer du nécessaire un des membres de la famille. Et celui qui est démuni garde toute sa dignité car il fait partie de la famille. Ceux qui reçoivent les aides le comprennent de cette manière, et cherchent à partager eux aussi avec d’autres.

C’est bien une communion qui commence à se réaliser à l’échelle du monde !

Chantal et José Grevin

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Macadam Café, à la rencontre des personnes vivant dans la rue.

 

 

« Il posa son regard sur lui et Il l’aima ». Vous aurez peut-être reconnu cette parole de la Bible : il s’agit de Jésus qui rencontre le jeune homme riche. « Il posa son regard sur lui et Il l’aima » : c’est une parole qui soutient notre groupe de Macadam Café.

 

Macadam, c’est :

- tous les jeudi soirs, nous nous retrouvons à la paroisse de la Trinité, dans le 9ème arrondissement de Paris

- nous commençons par un temps de louange, de prière,

- puis nous partons deux par deux avec une thermos et de quoi partager un café ou une soupe et nous nous dispersons autour de la paroisse.

 

L’idée de Macadam vient de jeunes de la paroisse qui voulaient rencontrer des personnes de la rue. Quand celles-ci veulent bien nous accueillir, le but est de passer ensemble un moment gratuit, apprendre à les regarder avec bienveillance, apprendre à les aimer.

 

Nous vivons donc avec elles des moments de joie. Je pense par exemple à Jean-Claude, un barbu plein d’humour, avec qui nous avions pris un verre de soupe. En se disant au revoir, il nous a dit : « eh bien moi, j’ai passé une bonne soirée ! » (nous aussi, d’ailleurs !) Un autre jour, il nous a dit : « vous êtes mes amis ».

 

Mais nous partageons aussi des moments plus difficiles. Je pense à Danièle : quand je l’ai rencontrée, j’ai vu son gros manteau gris sale, ses chaussures percées, elle avait une odeur pas facile à supporter. Or, nous la connaissons depuis des mois et sa situation n’évolue pas. J’avais du mal à accepter cette souffrance. Cependant, en parlant un soir de Danièle avec d’autres personnes de Macadam, j’ai pensé à Jésus souffrant. Lui, Dieu fait homme, a connu profondément la souffrance. Il nous montre à travers cela la dignité de tout homme, même le plus démuni. Or, notre espérance est de savoir qu’après ses souffrances et sa mort, Jésus est ressuscité, c’est notre foi de chrétien. Nous pouvons donc croire que Dieu peut transformer la souffrance.

 

En fin de soirée, nous nous retrouvons à la paroisse, et nous prenons un temps de prière. Nous présentons à Dieu les personnes rencontrées, et nous-mêmes… pour le laisser poser son regard sur chacun. Nous concluons en récitant le « Notre Père ».

 

Le paradoxe de Macadam est de pouvoir dire nous-même merci aux personnes que nous rencontrons. Eux peuvent nous dire merci pour le geste que nous faisons… mais nous pouvons, nous aussi, vraiment les remercier, pour leur accueil, l’attention qu’ils nous portent, le bon moment passé ensemble, les trésors de qualité humaine que nous découvrons chez eux…

Finalement, c’est une façon de reconnaître mutuellement la dignité de chacun : se regarder et s’aimer.

Macadam Café

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Les urgences en hôpital, un médecin face à la détresse sociale, la canicule, la fin de vie.

 

L’accident d’autocar, les malades entassés dans un couloir ….. la canicule…des souffrances intolérables…… des drames humains…. Tout ça, c’est bien notre réalité quotidienne au service des urgences….C’est aussi très souvent le lieu de dernier recours pour tant de détresses psychologiques et sociales qui ne trouvent réponse nulle part ailleurs.

Quoi de plus urgent que ces détresses? Et la réponse n’est pas toujours technique.

 

Un homme s’approche de moi. Il vient remercier. Il me rappelle ce moment où je lui ai demandé de me montrer son visage ?

 

Il est venu récemment, spontanément, après une nuit d’insomnie et dans un état profondément suicidaire. Evalué immédiatement par le psychiatre, il a été considéré comme un homme au comportement simulateur et placé dans notre unité.

Les aides-soignantes me font part de leur inquiétude ! Je passe régulièrement près de sa chambre et le vois, chaque fois, assis sur une chaise, tête baissée, prêt à repartir ! Il ne bouge pas, il ne mange pas, il ne se couche pas.

Bien que n’étant pas le psychiatre, laissant tout, je décide d’intervenir. Je rentre dans sa chambre et le salue. Il ne bouge pas d’un pouce. Je m’assoie face à lui et essaie d’entrer en communication. Peine perdue !

Peu à peu, cependant, émergent quelques mots, quelques phrases. Là je lui demande de lever la tête que je puisse au moins voir son visage, ses yeux. Il lève alors la tête, les larmes coulent et il me dit : j’ai tellement honte !

Mais honte de quoi ?

De l’entretien ressort un divorce, une relation difficile avec son ex-femme et ses enfants, une solitude profonde malgré le soutien de sa mère, un échec professionnel.

 

Cette longue écoute a bousculé tout mon programme mais aussi dénoué la situation.

Ce moment lui a sans doute permis, au moins pour un temps, de retrouver une lueur d’espoir. Et c’est pour cela qu’il revient nous voir, c’est de cela qu’il vient nous remercier! Il lui reste un long chemin à parcourir et sur ce chemin, notre équipe, passant au-delà d’un premier jugement,  a apporté sa petite contribution.

 

La mort aussi est là aux urgences! S’acharner ou mettre fin brutalement à une vie sont ils les deux seules alternatives ?

 

 Ce matin là, personne ne comprend pourquoi cette personne atteinte d’un cancer évolué a reçu d’un premier médecin une thérapeutique qui va manifestement abréger ses jours et d’un autre médecin des produits de réanimation active. Les infirmières attendent une réponse de ma part.

Voyant la situation immédiate de moins en moins critique, voyant aussi les jeunes enfants de cette patiente, je comprends qu’il y a un dernier moment essentiel à vivre pour cette maman. Longuement je l’écoute, j’accueille son fils aîné et j’apprends peu à peu où ils en sont, tous.

A ce fils confronté si jeune à cette mort, je peux dire combien l’important en ces moments douloureux est l’amour qui passera entre eux, l’amour qu’elle pourra lui donner, qu’il pourra lui exprimer, celui qu’il aura avec ses jeunes frères, la manière dont il leur permettra de communiquer avec leur maman et dont elle pourra être en paix, la manière aussi dont eux pourront vivre ce deuil.....

Puis je l’emmène dans la chambre et, par quelques mots, je les mets en contact.

Lui a pris sa main, les quelques mots échangés montrent qu’aucun des deux ne se réfugie derrière on ne sait quel « secret ». Je peux partir et les laisser seuls dans ce coeur à coeur.

Il peut ensuite parler avec ses jeunes frères et les amener auprès de leur maman.

Peu après, il m’a dit combien ce moment avait été important. La patiente est ensuite partie vers un autre service et a pu vivre encore quelque temps.

Ainsi a aussi été confirmée l’attitude courageuse de ma collègue engageant une réanimation active malgré des avis contraires.

Jean-Marc Beaufils

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La famille.

 

En famille. Nous avons 2 enfants de 3 ans et demi et de 2 ans et demi, et nous sommes mariés depuis 6 ans. Nous sommes rentrés aux Équipes Notre Dame il y a 3 ans.

Nous avons décidé de nous y engager car ce mouvement répondait à notre désir d’approfondir notre vie de couple et notre vie spirituelle. Nous étions très attirés par un engagement vécu en couple et pas chacun de notre côté.

 

Cela fait peu de temps que nous sommes aux Equipes Notre Dame, mais cependant le mouvement nous a déjà beaucoup apporté et enrichi.

Et ceci à plusieurs dimensions : vie personnelle, vie de couple, vie familiale et engagements vers les autres.

 

Nous cherchons avant tout à mettre Dieu au centre de notre vie personnelle par la pratique quotidienne de la prière et de la lecture de la Parole de Dieu pour nous tourner vers l’Essentiel. En équipe, nous nous épaulons et nous nous soutenons mutuellement. Si j’ai une difficulté, je peux choisir de la faire partager à l’équipe en sachant que je vais profiter d’une bonne qualité d’écoute. Ainsi un membre de notre équipe qui n’arrivait plus à prier nous a confié cette épreuve. Nous avons pu l’aider par une écoute attentive et par notre prière. De même un autre qui avait de nombreuses difficultés avec sa famille.

 

Nous cherchons ensuite à mettre Dieu au centre de notre couple. Le Devoir de s’asseoir nous permet non pas de régler nos comptes à coup de paroles accusatrices du type « tu laisses toujours traîner tes chaussettes » mais plutôt, en se mettant en présence de Dieu, de mettre à plat un certain nombre de difficultés mais aussi d’exprimer nos joies. Ainsi, notre amour grandit l’un pour l’autre. Des résolutions très concrètes sont prises en couple : ainsi Antoine à décider malgré un travail très prenant de rentrer deux soirs par semaine avant le coucher des enfants. Cécile essaye de prendre plus de temps pour se reposer quand la fatigue se fait sentir.

 

En famille, les Équipes Notre Dame nous guident pour toujours essayer de donner une éducation chrétienne à nos enfants. La pratique de la prière familiale, réduite au début au strict minimum pour les tous petits, ouvre une nouvelle dimension à la famille. Des conseils pratiques sont échangés en équipe : par exemple, demander à nos enfants les personnes qu’ils veulent plus particulièrement confier au Seigneur, prévoir une bougie par enfant, ne pas désespérer n’y s’énerver quand l’enfant de deux ans préfère jouer aux voitures pendant la prière.

Le fait également de voir des couples plus âgés, rayonnants, engagés depuis longtemps aux Équipes Notre Dame est une grande richesse pour nous et pour notre famille. Ils nous montrent le chemin car ils progressent toujours après des années et des années de pratique de propositions souvent exigeantes faites par les Équipes Notre Dame.

Lors de rencontres du mouvement, les enfants peuvent également suivre des activités manuelles et spirituelles qui leur sont propres. Ainsi la vie du mouvement peut être comprise et partagée par toute la famille.

 

Après avoir atteint un certain équilibre de vie personnelle, conjugale et familiale, nous pouvons alors nous tourner vers l’extérieur et les Équipes Notre Dame nous y aident. Ce n’est pas un mouvement d’action, c’est un mouvement d’actifs. Par le ressourcement spirituel qu’il propose, il aide à l’évangélisation. Ainsi, après deux ans aux Équipes Notre Dame avons-nous choisi de nous engager au sein de l’aumônerie des lycées de notre ville. Le fait de vivre en équipe permet à tous les membres de partager et de nous soutenir par la prière dans nos engagements. Antoine fait également partie d’une association qui favorise la réflexion pour l’éthique en entreprise. Cécile participe à la fondation d’une école.

Les engagements extérieurs, aussi bien dans la paroisse que dans la cité, peuvent être discernés avec calme au sein de l’équipe. Autour de nous des membres de notre mouvement ont choisi de s’engager dans divers lieux : l’une est conseillère municipale, un couple est responsable d’un groupe qui accompagne les personnes qui vivent un deuil, d’autres ont reçu un mandat de l’évêque pour une mission auprès des jeunes.

 

Notre engagement aux Équipes Notre Dame est renouvelé chaque année. Nous revoyons à ce moment-là les raisons qui nous motivent pour continuer dans le mouvement. C’est aussi l’occasion de faire un point sur nos différents engagements extérieurs, donner des priorités à nos actions et fixer des objectifs pour l’année suivante en ayant toujours en tête de centrer notre vie, dans toutes ses composantes, sur Dieu.

A et C J

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Tibériade, accueil de malades du SIDA.

 

 

Tibériade est un Centre d’accueil pour les personnes séropositives et malades du Sida, créé par Mgr Lustiger en 1988

Lors d’un voyage à New York en 1986, le Cardinal Lustiger eut l’occasion de visiter le Centre de Mère Teresa qui accueille des malades du Sida dans un contexte médicalisé. Elle lui demanda : « Existe-t-il un centre chrétien de ce genre à Paris ? » Ce à quoi il répondit : « Non, pas encore, mais en rentrant à Paris, je vous promets de m’occuper de la question »

Une association a donc été créée, puis un lieu a été trouvé pour cet accueil spécifique qui a débuté en mai 1988. Mère Teresa elle-même est venue le visiter juste avant l’ouverture.

Le fonctionnement a été confié à la Communauté de l’Emmanuel. Nous sommes actuellement trois laïques consacrées de l’Emmanuel et une sœur de l’Assomption comme permanentes de l’accueil ainsi que toute une équipe de bénévoles de différentes paroisses et communautés. Un prêtre diocésain est présent deux fois par semaine, notamment le vendredi pour célébrer la Messe dans la petite chapelle du Centre. C’est aussi dans cette petite chapelle que certains viennent trouver refuge et écrire une prière dans le cahier où sont rassemblés tous les cris du cœur de nos accueillis…

Le Centre Tibériade est donc un lieu d’accueil et d’écoute de jour, non médicalisé. Il est ouvert tous les jours (même le dimanche) de 12h00 à 19h00 sauf le mercredi. Un repas est servi chaque jour ainsi qu’un goûter.

C’est un lieu qui est beau, au niveau architectural, situé dans un beau quartier de Paris.

Il est fréquenté chaque jour par une trentaine de personnes qui ont entre 25 et 70 ans et qui viennent de milieux très différents et de divers pays du monde. Souvent, leur enfance a été très perturbée et leur vie a été bien « cabossée ». Toute question trop personnelle serait reçue comme indiscrète.

L’accueil y est donc tout simple et discret. Nous ne demandons ni les noms de familles ni les adresses ou numéros de téléphone. Nous accueillons les personnes telles qu’elles sont, sans jugement, sans poser de questions, sans chercher à savoir si elles ont un projet de vie…. Il serait d’ailleurs très difficile pour beaucoup d’en avoir un, étant donné leur passé de souffrances. C’est pourquoi, nous passons de longs temps à les écouter gratuitement comme parce qu’ils sont tout simplement nos frères. Nous essayons de leur partager notre espérance et de les aimer tels qu’ils sont, comme Dieu  peut les aimer. Il les connaît par leur nom et nous sommes souvent les témoins émerveillés de sa miséricorde pour chacun.

Nos accueillis ne viennent pas là seulement pour manger, même si pour beaucoup, le repas qui leur est servi représente une grande aide. Ils viennent pour être moins seuls, parler de leur séropositivité, de leur angoisse devant la maladie, et  les traitements médicaux souvent lourds qu’ils doivent prendre…

C’est une vraie convivialité qui se vit là, un peu comme dans une famille, autour des repas, avec le partage des soucis et des joies, tout ce qui fait notre quotidien. Nous fêtons ensemble les temps forts comme Noël et Pâques, et aussi les anniversaires. Beaucoup nous appellent lorsqu’ils ne peuvent venir et nous donnent leurs coordonnées. Nous les visitons parfois chez eux ou à l’hôpital.

Nous voyons certains se remettre debout, retrouver une dignité, après un temps plus ou moins long d’apprivoisement. Bien souvent privés dès leur jeune âge d’affection et d’amour véritable, ils trouvent à Tibériade l’amour et la confiance dont ils ont manqué. Les seules règles à Tibériade, écrites un jour par un de nos habitués qui n’avait pas su retenir sa tempête intérieure : « Ni drogue, ni alcool, ni violence » Et si ces règles existent, c’est qu’il peut y avoir à Tibériade des tempêtes climatiques dignes du Lac de Tibériade dont le Centre tire son nom, et Jésus les apaise toujours et dit « Paix à vous ! », comme il a pu le faire jadis en Terre Sainte… Et chacun essaie de contribuer à l’esprit de paix du lieu.

Tout le monde accepte le fait que c’est un lieu d’accueil de l’Eglise Catholique, et chaque personne se sait accueillie, quelle que soit sa religion ou sa foi.

Beaucoup disent que c’est leur famille et certains pour montrer leur attachement, ajoutent avec humour : « c’est ma drogue, je ne peux m’en passer »

Tibériade

 

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Andrea Riccardi
Fondateur de la Communauté Sant’Egidio

Europe : Histoire et esprit

 

L’histoire de l’Europe vient de loin. Et si l’actualité nous montre un monde uniformisé – « mondialisé » comme on dit – on ne peut pas fermer les yeux devant la variété des hérédités qui ont fait de l’Europe un continent particulier : nous les voyons dans nos villes, qui se sont souvent maintenues à échelle humaine à la différence des grandes métropoles du Sud du monde ; nous les trouvons dans nos monuments et nos modes de vie ; nous les constatons en nous-mêmes. De diverses hérédités religieuses, mais aussi de diverses hérédités historiques. On ne peut parler d’une seule hérédité.

 

L’Europe est à la fois une et plurielle. Plurielle, car son Occident est marqué par la culture catholique et protestante ; et son Orient par la culture byzantine. Pour certains pays, comme l’Italie, la France, la Belgique, l’Espagne, être laïc revêt un sens particulier : la laïcité. Pour d’autres pays, la douloureuse histoire du communisme représente un atavisme négatif qu’il faut affronter. L’Europe est une et plurielle.

Mais l’histoire de ce continent un et pluriel est aussi l’histoire d’un monde où la pluralité a atteint un paroxysme dans une folie d’orgueil qui l’a fait déboucher sur la guerre. Oui, parce que notre continent a été celui des guerres, des haines transmises de génération en génération, des destructions, des massacres. L’Europe du xxe siècle s’est consumée en deux terribles guerres, qualifiées de mondiales. Parce que, en 1914-1918 et en 1939-1945, la guerre entre Européens voulait dire guerre mondiale. La guerre en Europe signifiait guerre mondiale. Il y a eu l’expression de la folie nazie et fasciste, l’agression d’un peuple qui s’était imaginé être supérieur aux autres. Mais nous ne pouvons pas oublier que, à la racine des guerres, il y avait la malédiction séculaire de l’Europe, de peuples imbus de leur propre égoïsme national et donc habitués à se combattre.

Quelques grandes figures européennes – tels que De Gasperi, Schuman, Adenaueur, qui furent l’expression d’une génération – méditèrent sur les ruines produites par la guerre, la destruction de Berlin, les millions de vies humaines sacrifiées sans raison, les camps d’extermination et de concentration. De cette méditation naquit un rêve, qui était aussi une exigence profonde de l’histoire et de l’esprit : l’unité. La pluralité de l’Europe, celle de ses sujets, pouvait être conjuguée à l’unité. On ne pouvait pas maintenir sa propre diversité sans l’unité. Le rêve de l’unification européenne était né qui, pendant un demi-siècle, aura été l’horizon de l’occident européen et puis du continent tout entier. Une bénédiction après la malédiction de la guerre.

Dans les années quatre-vingts, alors que Jean-Paul II parlait d’une « grande Europe », le rêve semblait encore irréalisable ou réalisable seulement en partie. En deux générations nous avons assisté à une immense mutation : l’extinction des haines séculaires et l’édification d’une étroite collaboration. Les jeunes générations européennes ne se pensent plus en conflit les unes contre les autres : elles considèrent leur avenir ensemble, les unes avec les autres.

 

L’histoire de l’Europe est un drame, pas une tragédie. Il ne faut pas oublier le drame que nous avons derrière nous. Quand on parle d’Europe, je me rends d’abord spirituellement à Auschwitz pour me souvenir : me souvenir de millions de femmes, d’hommes, d’enfants, à qui la vie a été volée. Que d’années de vie volées ! Des millions de juifs, qui avaient survécu pendant des siècles dans notre continent, malgré un antisémitisme rampant, ont été tués sans raison. Il n’y a jamais de raison de tuer ; pourtant on a voulu détruire le judaïsme parce qu’il rappelait à la folie nazie l’existence d’un lien entre les hommes et d’un sens de la vie qui allait bien au-delà du culte de la race. Avec les juifs des centaines de milliers d’autres, des Tziganes – petit peuple nomade d’Europe sans nationalité – des Polonais, des Slaves, des handicapés, et combien d’autres ! C’est à partir d’Auschwitz que va se développer une méditation sur l’Europe.

 

Il ne faut jamais oublier le drame qui a suscité l’unification européenne : le sacrifice d’un grand nombre. Ce sacrifice a fait comprendre aux Européens qu’ils ne devaient pas faire du berceau de civilisations millénaires la patrie de la barbarie technologique.

C’est pourquoi, à partir des années quarante, l’histoire de l’Europe ne s’est pas transformée en tragédie. Le processus de l’unification européenne a commencé. Mais nous ne pouvons pas oublier le drame ! Cela fait désormais cinquante ans les européens ne se combattent plus. Il n’y a plus eu de guerre mondiale. Mais n’est-ce pas trop peu ? Le grand rêve, au début du 3e millénaire, doit être : la paix européenne, ce qui signifie la paix mondiale. De même que la guerre en Europe signifiait guerre mondiale, aujourd’hui la paix européenne doit devenir paix mondiale. Mais ce rêve est encore bien lointain ! L’Union européenne a signifié la paix en Europe. Nous espérons que cela signifie, demain, la paix dans le monde.

 

De grands pas en avant ont été faits, ainsi que de grands sacrifices. L’Est européen est intégré progressivement dans l’ensemble de l’Europe. Mais il manque encore quelque chose à la construction européenne. Nous le sentons et nous le voyons. Nous le constatons dans le manque d’élan de l’Europe. Nous le percevons dans ses relations avec les autres mondes non européens. Du reste, une telle construction ne se bâtit pas en un seul jour. Mais nous sommes heureux d’être à Stuttgart avec des chrétiens de tous les coins d’Europe pour prendre conscience de ce qui nous manque et surtout de ce que nous devons faire. Nous courons en effet un grand risque : que l’Europe soit le continent des intérêts et de l’économie. C’est un monde pour lequel il ne vaut pas la peine de vivre et de mourir. Les visages fatigués et dépaysés des nouvelles générations, si éloignées des drames du xxe siècle, et en même temps si réticentes à se laisser entraîner dans de grandes et nouvelles passions constructrices, sont éloquents à cet égard.

Mais ce ne sont pas ces visages-là, chers amis, que je vois autour de moi, autour de nous : je ne vois pas des visages fatigués et dépaysés, mais des visages heureux et reconnaissants d’avoir reçu un don. Un don reçu par des chemins divers : les chemins variés des nombreux Mouvements chrétiens d’Europe. Oui, parce que l’Europe est aussi l’Europe des Mouvements. Et les Mouvements ont la saveur de l’Europe. Ces Mouvements sont transversaux : du Portugal à l’Ukraine, au-delà même des frontières de l’Union, ils réunissent autour d’une spiritualité et d’un élan vital d’amour les citoyens de divers pays. Ils les relient, ensuite, aux gens du monde entier dans une communion authentique : des Amériques à l’Afrique, à l’Asie. Parce qu’être chrétiens européens, loin de faire de nous les habitants d’une grande île confortable, nous fait citoyens du monde entier.

 

Pourquoi les visages européens qui sont ici ne sont-ils ni dépaysés ni résignés ? Ils viennent de différentes traditions, les anciennes traditions chrétiennes du continent : catholique, orthodoxe, protestante. L’antique tradition chrétienne se conjugue avec une expression juvénile et le sentiment d’un avenir, le sentiment d’un avenir commun. Derrière ces visages, il y a un cœur. Le livre de Ben Sirac dit : « C’est le cœur de l’homme qui modèle son visage » (Si 13,25). Le cœur naît, ou mieux renaît, lorsque l’Évangile l’appelle à vivre. Souvent notre Europe est sans cœur. Sans cœur vers le grand Sud du monde : vers l’Afrique qui est le banc d’essai de la conscience européenne. Sans cœur dans la vie personnelle, dans la vie associative et politique.

En effet le cœur renaît lorsque l’on reçoit le don de la Parole de Dieu : le don de l’Évangile. Derrière ces visages, il y a des cœurs régénérés par l’Évangile. Tel est le secret de la jeunesse du christianisme : le don de la Parole de Dieu. Ce don est le cri de la grâce dans un monde de condamnés : de riches condamnés, mais quand même condamnés par leur péché qui est avarice et satiété. Un grand ami à moi, Valdo Vinay, pasteur protestant italien, disait : « Là où résonne la prédication de l’Évangile, il se produit un phénomène merveilleux : dans un couloir de la mort, entre les condamnés à mort, arrive une nouvelle : tout le monde est gracié ! C’est le don de la Parole que nous avons tous reçu ».

 

Les Mouvements ici réunis, petits ou grands, anciens ou récents, ne s’estiment pas les meilleurs : l’Évangile nous rends tous conscients, car il est nécessaire de bien se connaître soi-même, que nous sommes petits et pécheurs. Nous n’avons pas grandi à l’école d’une quelconque arrogance politique ou religieuse, mais à l’écoute de celui qui se définit lui-même « doux et humble ». Et pourtant nous nous sentons porteurs d’un don, un don à vivre avec reconnaissance et d’un don à communiquer.

Nous ne sommes pas porteurs d’intérêts, mais avec Pierre et Jean, qui s’arrêtent à la porte du temple de Jérusalem dite La Belle, nous disons : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, le Nazôréen, marche ! » (Ac 3,6) À qui s’adressaient-ils ? À un pauvre, qui ne savait pas marcher, car boiteux de naissance, un mendiant. Mais qui sommes-nous donc pour dire cela ? Qui sommes-nous pour interpeller une Europe si complexe, tenaillée par de nombreux problèmes, perdue dans ses procédures tarabiscotées ? Souvent les chrétiens européens se dérobent par peur : qui suis-je pour interpeller les autres ? Nous sommes porteurs d’un don. Et qui avons choisi d’en témoigner avec simplicité. Dans une Europe si complexe, nous portons un don et nous le communiquons : « Ce que j’ai, je te le donne. » C’est le don de la simplicité de l’Évangile : un don simple qui aide à avancer dans la complexité de notre Europe. C’est un don qui fait progresser l’homme européen, qu’il soit mendiant ou riche.

Au cœur de l’Évangile se trouve un secret de vie pour tout homme et toute femme. L’apôtre Paul proclame la résurrection de Jésus et écrit : « Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Co 5,15). L’Évangile appelle chacun à se convertir d’une vie tournée vers soi à une vie qui se donne à celui qui est mort et ressuscité pour tous : « afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Vivre pour le Christ signifie vivre pour tous.

L’Europe de l’esprit commence lorsqu’un homme ouvre son cœur à la Parole de Dieu, mieux quand il retrouve son cœur et commence à ne plus vivre pour soi-même. Les Mouvements, composés d’hommes et de femmes qui ont reçu le don de l’Évangile, communiquent cette vie à l’Europe. Et nombreuses sont les conséquences sur l’existence personnelle de leurs membres et sur la vie en commun : ce sont les fruits de l’Esprit.

Je voudrais, chers amis, souligner deux aspects qui découlent de cette ouverture au don de l’Évangile. Le premier est que cette Europe ne peut pas vivre pour elle-même. Elle n’est pas une grande île confortable. L’arrivée des immigrés – ceux qui ont réussi à ne pas être engloutis par la mer ou à survivre au désert africain – qui abordent les côtes méridionales de notre continent après de longs voyages sous le signe de l’espérance est éloquente à cet égard. Le grand sud du monde, l’Afrique, comme le pauvre Lazare, est assis à la porte d’un riche européen qui se rassasie à un banquet princier. L’Europe doit se lever de table et embrasser Lazare son frère, et empêcher que ses plaies ne soient léchées par les chiens. L’Europe doit franchir le seuil de sa maison, ses frontières du sud, avec amour et sens des responsabilités.

Pour nous chrétiens, l’Europe ne peut pas vivre pour elle-même. Et l’Afrique, l’Afrique des guerres (avec ses douze conflits ouverts), celle des 30 millions de séropositifs (sur un total mondial de 42 millions), est le premier continent que nous rencontrons sur notre chemin. Là vivent les 2/3 de l’humanité exclue du bien-être. Et cette Afrique partage notre destinée : ou nous vivrons ensemble ou nous périrons ensemble.

 

Le deuxième aspect : nos cœurs, qui se sont ouverts au don de l’Évangile, désirent que l’Europe unie, l’Europe de l’esprit, parle de paix au monde. L’Europe de l’esprit n’a pas de frontière, elle est reliée à tous, notamment à ceux qui souffrent en raison de la guerre, qui est mère de toutes les misères. Que le message de l’Europe au monde soit la paix, mais une paix effective, construite avec ceux qui se haïssent et se combattent, réalisée dans les endroits où sévissent les 33 conflits en cours dont 90 % des victimes sont des civils.

L’Europe de l’Esprit ne peut que produire les fruits de l’esprit pour la vie du monde. L’apôtre affirme : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi » (Gal 5,22). C’est pourquoi, au début de ce siècle, nous voulons vivre le don de l’Évangile qui ouvre les cœurs à l’Esprit et qui donne des fruits de paix, d’amour et de solidarité. De l’unité des divers Mouvements, de leurs différences mais aussi de leur profonde communion de sentiments et de foi, nous croyons que pourra surgir une force de bien et une barrière contre le mal. De la prière commune des uns avec les autres peut surgir une force d’amour. On lit dans le livre d’Esther que face à une perspective d’événements tragiques qui s’abattaient contre lui le peuple juste fut bouleversé. Mais Mardochée fit un songe : « À son cri, comme d’une petite source, naquit un grand fleuve, des eaux débordantes. La lumière se leva avec le soleil. Les humbles furent exaltés… » (Esther 1, 1h-1k).

 

 

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Gérard et Marie Christine de Roberty,
responsables internationaux des Équipes Notre-Dame

L’Europe des couples et des familles

 

« Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20)

 

Cette parole fondatrice des Équipes Notre-Dame peut être reprise par nos mouvements et communautés réunis pour fonder leur action en faveur d’une “ Europe fraternelle, de justice et de paix “. Là ou les hommes s’unissent, le Christ est avec eux, Il vit en eux, Il agit par eux.

Qui pouvait penser, en 1938, que la démarche de Madeleine Deilly auprès du vicaire de sa paroisse St Augustin à Paris, le Père Henri Caffarel, aurait un tel retentissement et bouleverserait une certaine conception du couple et de la famille.“ Monsieur l’abbé, disait elle, nous sommes jeunes mariés et nous voudrions mieux vivre de notre mariage, alors que tout nous pousse à vivre différemment ; La réponse fut: “ réunissez quelques amis et réfléchissons ensemble“.  Aujourd’hui, 9200 équipes de 4 à 6 foyers et un prêtre se réunissent chaque mois, pour prier et faire avancer la construction de leurs couples, de leurs familles, dans l’entraide spirituelle et matérielle, par le partage et la formation. Forts de leur enracinement dans la foi et vivant la fraternité en équipe, petite cellule d’église, ils bâtissent spirituellement et humainement  leur vie à la lumière de l’Évangile et construisent la Société, au sein d’une Europe du quotidien par les actes et gestes de leur vie conjugale, familiale, ecclésiale, sociale et humaine. Comme de nombreux chrétiens, “ils ambitionnent d’aller jusqu’au bout des engagements de leur baptême et veulent faire de l’évangile la charte de leur famille“. Pleinement insérés dans la société ils souhaitent construire une Europe d’amour et d’Alliance qui s’appuie sur les vertus de leur foi chrétienne.  Ils veulent que leur amour sanctifié dans le mariage soit une louange à Dieu et  un témoignage au hommes qui montre que le Christ a sauvé l’amour en sauvant l’homme. Ils veulent que l’Europe soit une construction pour les générations à venir dans laquelle l’esprit chrétien, de Foi, d’Espérance et de Charité, soit une réalité et une collaboration à l’œuvre de Dieu. En étant missionnaires et témoins, immergés dans ce monde, les équipiers Notre Dame invitent tous leurs frères chrétiens à être, comme le demande le Christ : “Sel de la terre et levain dans la pâte“ pour contribuer à donner à l’Europe un âme sans laquelle elle ne peut prendre sa vraie dimension car : l’Europe sera spirituelle ou ne sera jamais.

 


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Chiara Lubich

Fondatrice et Présidente du Mouvement des Focolari

L’Europe unie pour un monde uni

 

Mesdames, Messieurs, frères et sœurs, chers amis,

 

Toute la journée il a été question de l’Europe, et en particulier de l’Europe de l’esprit.

Nous avons vu la contribution que nous pouvons apporter à sa réalisation, notamment par l’intermédiaire des Mouvements et communautés spirituelles ou charismatiques.

À ce point, nous nous demandons : avons-nous mené à bien tout ce qui devait naître de la Journée de Stuttgart « Ensemble pour l’Europe » ?

Dans la pensée des fondateurs et des pères de l’Europe unie, l’Europe n’était pas non plus le but ultime de l’effort de leur union. La Déclaration Schuman l’atteste : « L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles : le développement du continent africain[1]. »

Dans l’esprit de ses fondateurs, l’Europe est donc une famille de peuples frères, ouverte à une mission universelle : l’Europe désire son unité pour contribuer à l’unité de la famille humaine.

 

L’unité de la famille humaine.

Viser à l’unité de la famille humaine, n’est-ce pas, dans l’esprit de beaucoup, une espérance illusoire ?

Je pense le contraire, car avoir pour objectif un monde uni est plutôt ce que demandent les signes des temps.

L’union des États est déjà, dans le monde, une réalité, signe d’une exigence incontournable.

Les rapports entre États se consolident, sur tous les continents, comme en témoigne la récente Union Africaine, les Conférences latino-américaines, et d’autres encore. Et l’existence des Organisations internationales à vocation universelle, parmi lesquelles le rôle des Nations Unies est déterminant pour connaître, affronter et gérer, avec le concours de tous les États, les principaux problèmes qui concernent la vie des peuples et des nations.

Viser une Europe unie pour parvenir à un monde uni peut être, par conséquent, l’une des contributions finales à la réflexion que nous avons menée ici à Stuttgart.

 

Demandons-nous alors : pour avancer avec notre temps, avec Dieu et selon ses plans sur l’Europe et le monde, quelle est la meilleure façon d’agir ?

Nous l’avons déjà annoncé, mais il est bon de le répéter : la meilleure façon d’agir tout de suite est de traduire en vie l’idée-force de la fraternité universelle, au moyen de l’art d’aimer dont nous avons parlé.

 

Il est possible, il est nécessaire de vivre cet art en politique également, et c’est une contribution indispensable pour parvenir au monde uni.

Il n’est pas rare que les Mouvements charismatiques s’intéressent au monde politique, même si leur objectif principal est d’ordre religieux. Dans leur nouveauté de vie, sont impliqués de simples citoyens, des politiques de divers partis, des fonctionnaires, des diplomates, bref des sujets de la vie politique.

Et l’objectif des hommes et femmes politiques qui adhèrent à ces Mouvements est de vivre sans cesse dans un climat de fraternité, climat propice pour s’ouvrir aux valeurs profondes et éternelles de l’homme. Dans un deuxième temps seulement, ils pourront agir dans le domaine politique.

Le choix de s’engager en politique est pour eux un acte d’amour, par lequel ils répondent à un appel personnel, ou par lequel ils désirent répondre à un besoin social, à un problème de leur ville, aux souffrances de leur peuple, aux exigences de l’époque.

Un croyant y reconnaît clairement la voix de Dieu qui l’appelle. Celui qui a d’autres convictions répond à un appel de l’humanité, qui a trouvé un écho dans sa conscience.

 

Ces hommes et femmes politiques ne se contentent pas d’aimer tout seuls. Ils s’efforcent d’amener les autres – adversaires ou alliés – à l’amour, parce que la politique est relation, elle est un projet commun.

Une autre expression de la fraternité en politique consiste à aimer le pays de l’autre comme le sien. L’humanité pourrait atteindre à la plus haute dignité si les hommes se percevaient non pas tant comme un ensemble de peuples souvent en lutte entre eux, mais, grâce à l’amour réciproque, comme un seul peuple, riche de la diversité de chacun et garant de l’identité de chacun dans l’unité.

 

Certes tous ces aspects de l’amour qui réalisent la fraternité passent nécessairement par le sacrifice. Savoir porter sa croix est la condition sine qua non.

Le politique, en effet, doit savoir prendre sur lui-même les divisions, les déchirures, les blessures des siens.

 

Ce sera donc une conclusion utile à la Journée de Stuttgart Ensemble pour l’Europe que de décider, nous tous, citoyens et politiques, de nous mettre sérieusement, avec la foi des enfants de l’Évangile, à réaliser la fraternité universelle en Europe, en vue d’un monde uni.

Oui, en vue du monde uni.

En vue de cette mission, ce qui nous inspire et ce qui motive notre action est le Testament de Jésus, la longue prière qu’il a adressée au Père avant de mourir.

Il ressort clairement de cette prière que l’unité de la famille humaine fait partie du dessein de Dieu depuis la création et indique le chemin pour surmonter les divisions non seulement territoriales mais celles qui découlent de choix politiques, de conditions ethniques, religieuses, linguistiques (cf. 1 Co 12°.

 

            Le Testament de Jésus apparaît alors, dans ces conditions, comme contenant en lui-même le germe de toute forme d’intégration et d’unité entre les peuples : l’unité et la méthode pour l’atteindre : l’amour réciproque. La conséquence en est le refus des discriminations, des guerres, des conflits, des nationalismes, des revendications exacerbées d’intérêt national ; c’est l’exigence de mettre à la disposition de tous les peuples les biens de la création comme dons de Dieu ; c’est l’idée de communion, de fraternité universelle en acte.

 

Jean-Paul II, dans son Message en 1995 à l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, s’adressait ainsi aux jeunes : « La mission vous est confiée d’ouvrir des voies nouvelles pour la fraternité entre les peuples, pour bâtir une famille humaine unique. [¼] Que retentisse dans la conscience de tous cet appel : aime les autres peuples comme ton peuple. »

 

Mesdames, Messieurs, frères et sœurs, vous qui appartenez à divers Mouvements et groupes.

Il y a quelque temps, un politique, qui est peut-être présent, nous a fait part de son idée sur cette journée. Nous voudrions que son idée devienne une espérance : « La réalité vitale des Mouvements – disait-il – qui parcourt la vie de notre continent comme un magma incandescent, mais souterrain, doit percer la croûte terrestre et faire en sorte que ce feu devienne visible. Ainsi, la société et notamment le monde politique en seront secoués et transformés. Suscitons une sorte de court-circuit qui les mette en contact et faisons en sorte que la vraie vie puisse conditionner la société au point que l’on ne puisse plus s’en passer. »

Stuttgart pourrait être cette occasion.

Fasse le Seigneur que cela se réalise.

Je vous remercie de m’avoir écoutée.

 

 

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 UNESCO

Message du Sous-Directeur général pour la Culture à l’occasion de la rencontre « Europa »

 Stuttgart

 8 mai 2004

 

  

Mesdames, Messieurs, Jeunes de toute l’Europe

 

J’ai le plaisir de vous adresser ce message à l’occasion de la réunion des jeunes européens et des mouvements œcuméniques de toute l’Europe à Stuttgart, continent qui depuis ce 1er mai, accueille 10 nouveaux membres.

 

         Je faut tout d’abord saluer les initiateurs de ce projet, Mme Chiara Lubich qui a reçu le prix UNESCO pour la paix en 1996, et le Professeur Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio avec qui nous entretenons un accord de coopération aussi bien dans les programmes relevant de l’ éducation, de l’humanitaire ou du dialogue interculturel et interreligieux.  Vous avez su créer un élan pour un monde plus solidaire, car, en effet, les guerres et la pauvreté des faubourgs romains – le borgate -  ont forgé chez l’un et chez l’autre, la nécessité de mettre en action des projets concrets, en faisant surtout appel à la générosité des jeunes. 

 

Il faut souligner que vos idéaux d’antan sont plus que jamais d’actualité aujourd’hui, notamment dans un monde globalisé qui peut créer à la fois une meilleure connaissance des peuples et de leurs cultures, mais aussi creuser un fossé, non seulement par le partage inégal des richesses, mais également par le poids des malentendus et des ignorances réciproques. De ces deux facteurs mêlés peuvent résulter des guerres et des replis identitaires, des violences et des extrémismes incontrôlables.

 

L’Europe, au départ, a dû surmonter les malentendus qui ont surgi dans le monde chrétien lui-même : les guerres de religion qui ont ensanglanté son sol en sont la preuve, et en cela, les mouvements œcuméniques ont beaucoup œuvré à la pacification des esprits et montré la voie  pour œuvrer en faveur   de causes communes tels que l’éradication de la pauvreté, le développement durable , l’éducation pour tous et l’apprentissage du « vivre ensemble » par le dialogue interculturel et interreligieux.

 

Aujourd’hui, l’Europe compte aussi de très nombreuses populations qui ne sont pas de confession chrétienne, n’oublions pas les juifs enracinés dans ce continent même avant que le christianisme ne soit majoritaire ; tous ceux qui cherchent un sens à leur vie sans nécessairement passer par une institution à caractère religieux ; et surtout les musulmans qui ont, depuis le moyen-âge, apporté leur pierre à l’édifice de la construction européenne par la transmission de leur savoir qui a permis l’éclosion de la philosophie scholastique. Tous ces courants de pensée forment la diversité culturelle et spirituelle de l’Europe. Il s’agit de la préserver et de la garder comme un atout majeur dans la construction de ce continent qui, en raison de cette diversité, peut servir de pont entre les civilisations, cultures et traditions spirituelles, entre les différents peuples et pays.  

  

L’UNESCO, née de la barbarie et des décombres d’une guerre mondiale qui a bafoué ces idéaux, voudrait, à l’instar de vos mouvements, que ce combat contre l’ignorance et les malentendus mutuels se poursuivent car nous avons la tâche de léguer aux jeunes générations un monde où les valeurs humanistes seront partagées par tous. Les jeunes d’aujourd’hui sont les responsables du monde de demain, ils sauront bâtir une société plus égalitaire et plus solidaire.

 

Je suis particulièrement heureux que votre manifestation soit partagée avec nous par vidéo-conférence dans la salle I, le 8 mai, grâce à l’initiative du Centre Catholique International pour l’UNESCO. Il ne me reste qu’à souhaiter un plein succès à vos travaux et que vos réflexions soient suivies par des actions concrètes visant la promotion du dialogue entre cultures et religions. 

 

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Ensemble pour l’Europe

Message du Rassemblement

 

(En allemand – Lu par Helmut Nicklas, YMCA de Münich)

L’Europe en est arrivée à un tournant de son existence, qui sera décisif pour son avenir ; elle ne peut en effet se limiter à un marché ou une union garantissant la sécurité de ses habitants. On perçoit un nouveau souffle de l’amour de Dieu sur tous les peuples de l’Europe qui la pousse à être beaucoup plus.

 

Continent aux beautés les plus diverses, elle a vécu des moments de splendeur et de croissance, mais a éprouvé aussi l’amère vérité que, sans référence à des valeurs profondes, l’homme se trouve arraché à son humanité et se révèle capable d’atrocités.

 

Au siècle dernier, les deux guerres mondiales, les camps de concentration, le goulag et, d’une manière particulière, la Shoah, furent les signes des ténèbres qui se sont abattues sur notre continent, avec de douloureuses répercussions dans le reste du monde. Actuellement, marginalisations, injustices et exploitations de toutes sortes ainsi que la plaie du terrorisme réclament une solution.

 

Cependant, malgré tous ces maux, nous constatons aujourd’hui avec gratitude que s’affirme une Europe réconciliée. Une Europe libre et démocratique.

 

(En italien – Lu par Andrea Riccardi, Communauté Sant’Egidio)

Animés par la force rénovatrice de l’Évangile, nous nous sentons appelés à travailler pour un continent uni et varié.

Nous qui sommes réunis ici à Stuttgart des quatre coins du continent et qui appartenons à plus de 150 mouvements et groupes de différentes Églises et communautés chrétiennes, nous voulons témoigner la nouveauté de la communion qui grandit entre nous, sous l’action de l’Esprit.

Cette communion de vie est un ultérieur résultat des traditions culturelles qui, à la lumière de la révélation judéo-chrétienne, ont édifié notre continent au cours des siècles. Nous offrons cette communion comme notre contribution à une Europe capable de répondre aux défis de notre temps.

 

 

(En Français – Lu par Marie-Christine de Roberty, Équipes Notre-Dame)

Les charismes, les dons de Dieu, nous poussent sur la voie de la fraternité universelle, qui est pour nous la vocation la plus profonde de l’Europe. La fraternité n’est autre que l’amour évangélique vécu entre tous, toujours renouvelé, en commençant ici et maintenant.

 

La fraternité :

Est : Partage de biens et de ressources ;

Égalité et liberté pour toutes et pour tous ;

Approfondissement du patrimoine culturel commun ;

Ouverture à ceux qui sont porteurs d’autres cultures et d’autres traditions religieuses ;

Amour solidaire avec les plus faibles et les plus pauvres de nos villes ;

Sens profond de la famille ;

Respect de la vie tout au long de son parcours naturel ;

Souci de la nature et de l’environnement ;

Développement harmonieux des moyens de communication.

 

Par cette fraternité vécue, l’Europe devient elle-même message de paix ; une paix active, qui se construit au quotidien, avec à la base le pardon accordé aussi bien que demandé. Une paix qui veut construire des ponts entre les peuples, “ mondialisant ” la solidarité et la justice.

 

(En anglais – lu par Kitty Artuthnott, Cours Alpha)

Ce message, loin d’être une simple déclaration d’intentions, veut témoigner une réalité encore à ses débuts mais déjà bien présente parmi nous.

 

Réunis à Stuttgart et en même temps dans plus de 150 villes du continent, nous voulons travailler avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté pour une Europe de l’amour et de la fraternité, consciente de ses responsabilités et ouverte au monde entier.

 

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Pavel FISCHER

Ambassadeur de la République Tchèque en France

 

 

 

L'Union Européenne n'est pas née le l er mai 2004, même si nous avons vécu ensemble, le samedi dernier, un moment très important.

 

L'intégration de l'Europe est une aventure humaine de longue date. L'un de ses inspirateurs a été, sans aucun doute, un citoyen d'origine français, Jean Monnet. Permettez moi de m'arrêter à deux aspects qui m'inspirent, aujourd'hui.

 

Jean Monnet a commencé comme professionnel dans une entreprise familiale dans le domaine de la vente d'un produit bon, d'un produit bien français, dans le domaine du cognac. Cette activité commerciale et son engagement dans le monde de la politique l'ont amené à voyager beaucoup: d'abord, en Grande Bretagne, ensuite au Canada, aux Etats Unis, en Chine, où il a vécu plusieurs années. Et, il connaissait, bien sûr, les pays qui forment, aujourd'hui, l'Union Européenne.

 

Jean Monnet a beaucoup voyagé. Il savait ce que c'était que de s'expatrier. S'expatrier, cela veut dire vivre ailleurs qu'à la maison, quitter son propre pays. Si nous quittons notre chez-nous, nous sommes, d'abord obligés de porter une attention plus particulière à ceux qui sont autour de nous: à leurs habitudes, à leur culture, à ce qui leur est précieux. En quelque sorte, nous devenons plus attentifs à ce qui se passe aussi dans le monde. Et, en même temps, nous sommes amenés à nous interroger sur nous-mêmes: sur notre propre vécu, notre propre culture, notre propre pays. En partageant notre vie avec ceux qui sont autour de nous, loin de nos maisons, nous tissons un vécu commun qui nous enrichit et qui peut nous porter dans l'avenir. Ce tissu de relations, nous le gardons même si nous sommes de retour à la maison.

 

Jean Monnet a été un homme très discret, presque invisible. Néanmoins, son oeuvre a été beaucoup plus importante que le travail de ceux qui sont vus en première ligne. Il le disait lui-même: il préférait travailler en discret, plutôt que de se présenter.

 

Si je réfléchis sur ce qui est important pour l'intégration européenne aujourd'hui, c'est de savoir s'expatrier, de vivre ailleurs, de tisser des liens humains qui portent toute autre activité, aussi visible soit-elle.

 

Certes, nous avons surtout besoin des institutions communes, de passeports communs, de normes partagées qui nous permettent de vivre ensemble. Néanmoins, nous avons besoin également d’un vécu commun.

 

Mesdames, Messieurs Chers amis,

Vous vous êtes rassemblés, aujourd'hui pour fêter les retrouvailles de l'Union Européenne. Vous venez de nombreuses communautés et de nombreux mouvements qui travaillent dans les sociétés européennes pour tisser des liens de solidarité, de compréhension, d'un vécu commun. Souvent, votre activité ne se limite pas strictement au cadre d'un État, d'une ville ou d'une région. Vous êtes très souvent amenés à vivre et à travailler avec des frères et soeurs de pays et de langues différentes. Vous travaillez souvent dans la  discrétion, sur un plan qui n'est peut-être pas à la une des journaux, mais qui est tout aussi important.

 

Aujourd'hui, je vous ai parlé d'un citoyen français. Je me dis que je me suis dépaysé moi aussi. Une prochaine fois, il faudrait parler d'un roi de Bohème, de Jiri y Podebrad, qui â rêvé d'une coopération des royaumes au moyen âge. Il faudrait parler de Jan Amos Comenius, qui a du s'expatrier pour des raisons de religion et a travaillé sur comment réconcilier, une fois pour toutes, de grands conflits entre des pays de l'époque. Il faudrait parler de Tomas Garrigue Masaryk, notre premier président des années 20 et 30, grand humaniste et homme d'État dans le sens moderne du terme.

 

Demain, c'est la fête de l'Europe. C'est une fête des institutions, bien sûr. Mais c'est également une fête de citoyens. De tous ceux qui tissent un tissu de relations humaines qui sont si importantes pour que le monde vive en paix.

 

Je vous souhaite une très bonne fête.

 

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C.C.I.C.

Centre Catholique International
de Coopération avec l’UNESCO

 

 

Depuis plus de cinquante ans, le CCIC constitue un lieu de réflexion, d’information et d’échange. Son action est basée sur des convictions, la solidarité et l’engagement.

 

Grands axes préférentiels d’intervention :

 

1.       Porter le message de l’UNESCO au monde chrétien et proposer à l’UNESCO le message chrétien (catholique) ; d’où la nécessité de renforcer et de réaffirmer ensemble nos propres convictions, pour ensuite les donner à connaître (consolidation des fonctions et des instruments d’information et de communication du CCIC.

2.       Rassembler dans l’unité de la vision chrétienne la pluralité de nos engagements ; d’où la nécessité d’analyser avec des experts, d’abord entre organisations catholiques et de manière critique, les grands enjeux inhérents aux divers domaines de compétence de l’UNESCO, en débattre entre nous et, le cas échéant, identifier des stratégies d’intervention à l’interne comme à l’externe.

3.       Maintenir le dialogue et promouvoir une vision chrétienne des problématiques prioritaires des partenaires de l’UNESCO ; d’où la nécessité de prévoir quelques colloques annuels autour de questions transversales comme, par exemple, la marchandisation de l’homme aujourd’hui à travers la mondialisation, l’éducation et la science, la vision chrétienne de la justice et du développement (faire rebondir les axes essentiels de la pensée sociale de l’Eglise), les enjeux du dialogue et de la vérité entrevus sous l’angle de l’interculturel et de l’interreligieux, etc…

4.       Croiser les intérêts et les compétences entre les divers centres catholiques œuvrant auprès des instances des Nations Unies (Paris, Genève et New York) ; d’où la nécessité de mieux nous connaître afin de mieux collaborer et mieux servir les causes qui sont les nôtres.

5.       Proposer des partenariats et des actions de terrain, particulièrement dans les secteurs de la formation au dialogue et à la vie internationale. Les suggestions des membres et amis du CCIC seront toujours les bienvenues.

6.       Identifier des partenaires financiers intéressés à s’engager et à vivre avec nous la mission du CCIC. Des démarches en ce sens ont déjà été entreprises et des mécanismes concrets de collaborations se mettent en place.

 

  Une fonction d’information

 

Par son service « Informations rapides » diffusé par Internet tous les quinze jours, où sont présentés d’une part les principaux documents de l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, de la science, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication, d’autre part des informations sur le travail des chrétiens de base dans ces domaines. Réalisé en français, anglais et espagnol, de service est diffusé auprès de 6.000 entités à travers le monde (UNESCO : fonctionnaires au Siège et Bureaux régionaux, Délégations gouvernementales, Commissions nationales – dans le monde catholique : Saint-Siège et dicastères pontificaux, conférences épiscopales, diocèses et communautés de base, organi-sations catholiques internationales, agences de développement et catholiques individuels).

Par sa revue trimestrielle « Le Mois à l’UNESCO » éditée en français, anglais et espagnol. Chaque numéro comprend un dossier d’analyse d’une des composantes du programme de l’UNESCO afin de créer un dialogue entre les spécialistes du programme de l’Organisation et la vision d’une action catholique. On y trouve ensuite des informations sur les grandes activités de l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, de la science, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication, puis des informations sur les activités des chrétiens dans ces domaines à travers le monde. La revue est diffusée par Internet et est éditée en version papier.

 

  Une fonction de réflexion

 

Par des colloques intitulés « Conversations du CCIC - Ensemble, rechercher et partager la vérité », cycle de rencontres bi-annuelles avec pour thème central en 2004-2005 « l’humain au cœur du monde ». Les conversations visent à créer des occasions pour tous les membres du CCIC et leurs partenaires de se rencontrer et de partager, de discuter, de confronter, de structurer leurs attentes et leurs espérances au regard de la place de l’humain au cœur du monde.

Quatre Colloques/Conversations du CCIC seront proposés aux divers publics du Centre au cours de 2004-2005. Une thématique transversale les coiffera : celle de l’humain au cœur du monde. L’approche multi-interdisciplinaire (et/ou trans-disciplinaire) est adaptée à cette démarche. Cette thématique se décline en quatre moments et en autant de rencontres (conversations). Une idée centrale éclaire l’ensemble : en contexte de mondialisation, comment répondre à la « marchan-disation » de l’être humain ? En d’autres termes, comment concilier l’efficacité économique et la dignité humaine ?

 

1ère Conversation (12 juin 2004)  : Marchandisation (réification /chosification) de la personne. Que propose la vision chrétienne de la personne et de la société ?

 

2ème Conversation (automne 2004) : Marchandisation de l’éducation. La formation intégrale de la personne. Ses défis et ses promesses. Comment orienter la science au service de l’humain ? Le message chrétien.

 

3ème Conversation (2005) : Marchandisation de la culture. La culture est-elle un bien de consommation comme un autre ou jouit-elle d’un statut particulier ? Vision chrétienne de la culture.

 

4ème Conversation (2005) : Marchandisation du travail. Les implications économiques et sociales de l’actuelle révolution du travail : quel devenir pour l’humain ? Une vision chrétienne du travail aujourd’hui.

 

  Une fonction de présence

 

Auprès des représentants des organisations internationales catholiques (OIC) entretenant des relations avec l’UNESCO, pour les aider à réaliser leurs actions. Des réunions sont organisées toutes les six semaines, avec la présence d’intervenants sur des sujets traités par l’UNESCO. En 2004 le thème central est la paix et la diversité culturelle.

 

Une fonction d’accompagnement

 

Suivi des groupes de travail de la Conférence des OIC :

- « Famille », programme visant à la proposition d’une meilleure place des valeurs familiales dans les domaines de l’éducation, des sciences, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication dans les programmes des organisations internationales du système des Nations Unies

- « Education-Communication », qui se préoccupe du comment apprendre la paix, comment éduquer les enfants, les enseignants, les universitaires et les responsables d’éducation non formelle, au regard de l’humanisme chrétien.

- « Economie solidaire » : dans le contexte de la mondialisation et de l’économie solidaire, comment faire la promotion de cette économie pour qu’elle puisse apparaître comme une alternative ?

Recherche d’experts et de documents pertinents dans leurs domaines et expertise permettant leur implication dans les décisions des organismes internationaux des Nations Unies

 

 Une fonction d’accueil

 

Réponse aux demandes de tous les individus qui s’interrogent sur les thèmes de l’UNESCO.

 

 Une action de terrain

 

En concertation avec les membres du CCIC

- Avec l’OIEC (Office International de l’Enseignement Catholique), formation de formateurs à la citoyenneté et au vivre ensemble pour les pays africains, à Dakar, août 2004

- Journée à l’UNESCO « Ensemble pour l’Europe » le 8 mai

- Préparation d’un projet de formation de formateurs aux métiers de l'artisanat du cuir pour les enfants de la rue à Madagascar.

- Formation à l’économie pour des prêtres dans le cadre des « Chemins d’Humanité »

 

La création du CCIC a accompagné celle de l’UNESCO en 1946. Ce fut une initiative de Monseigneur Jean Rupp et de Jean Larnaud, qui allait en être le Secrétaire général de 1951 à 1995, une initiative prise avec l’appui de Son Excellence Monseigneur Roncalli, alors Nonce apostolique à Paris.

 

Au regard du droit canonique, le Centre Catholique International de Coopération avec l’UNESCO (CCIC) est une association internationale de fidèles publique d’Eglise. La désignation de son directeur est soumise à l’approbation du Saint-Siège, qui nomme aussi auprès de lui un conseiller ecclésiastique.

 

Le CCIC est une association de droit français (loi de 1901) dirigée par des laïcs et rassemblant des organisations ou mouvements catholiques et des membres individuels, clercs ou laïcs, établis dans de nombreux pays. L’Association a été reconnue « œuvre de bienfaisance » par décret préfectoral en date du 14 juin 2001.

 

 

Le Conseil d’administration :

Président : Pr Mgr Guy-Réal Thivierge (Canada), Secrétaire général de la Fédération internationale des Universités catholiques, Paris

Vice-Président :  M. Raimund Kern, Missio-Aachen, Allemagne

Secrétaire : Alcinou Da Costa (Sénégal), ancien fonctionnaire de l’UNESCO, chargé de la communication en Afrique

Trésorier : M. François de Laage de Meux, Président du Comité français de la Chambre de Commerce internationale

Conseiller ecclésiastique : Père Hugues Derycke, Secrétaire général adjoint de l’Enseignement catholique de France

 

 

C.C.I.C.

9, rue Cler – 75007 Paris

Tél. 01.47.05.17.59 – Télécopie : 01.56.90.92

Courriel : infos@ccic-unesco.org

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[1]           Déclaration Schuman, Ministre des Affaires étrangères de la France, dans le salon de l’horloge du Quai d’Orsay, le 9 mai 1950.

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