Traduction provisoire d’après la traduction italienne
Original allemand
Aux participants à la rencontre œcuménique « Ensemble pour l’Europe »
Le 8 mai à Stuttgart, se déroulera la rencontre « Ensemble pour l’Europe » avec la participation de Mouvements catholiques, protestants et orthodoxes, pour fêter une journée européenne de rencontre et de dialogue.
J’apprends avec joie que des chrétiens d’Europe se
réunissent, juste au moment de l’élargissement de l’Union européenne à de
nouveaux Etats, pour réfléchir sur les racines chrétiennes et sur le futur du
continent à la lumière de l’Évangile. La lumière de l’Évangile, en effet, a
éclairé l’histoire de l’Europe, générant une communion entre les peuples liés
par le même sort. Connaître
Il ne s’agit pas seulement d’une histoire désormais dépassée. Lorsque l’on parle du christianisme en Europe, on fait allusion également à son passé récent, au présent et à l’avenir. Le processus de l’unification européenne a vu le jour après l’amertume laissée par la seconde guerre mondiale. Par la suite les « Pères » de l’unité européenne, mus pour la plupart par leur foi chrétienne, ont mis en route un processus d’unification du continent, dont nous récoltons les fruits aujourd’hui. L’Europe a commencé à promouvoir la réconciliation et la paix entre les nations qui s’étaient malheureusement fait la guerre pendant des siècles.
Dès le début, le Saint-Siège a soutenu l’intégration européenne, soulignant – comme je l’ai dit récemment – que « la réussite durable d’une telle union devrait être liée au christianisme comme son facteur d’identité et d’unité ».[1]
La foi chrétienne représente cependant le présent et le futur de l’Europe également. Par l’enthousiasme de leur foi chrétienne et par leur conscience d’être européens, de nombreux membres de Mouvements spirituels démontrent à Stuttgart leur confiance dans le futur d’une Europe illuminée par l’Évangile. De nombreux témoins de la foi, victimes des persécutions cruelles et douloureuses de l’histoire de l’Europe du XX° siècle, sont pour les confessions chrétiennes, un trésor commun. Que cette hérédité renforce dans les chrétiens européens le désir d’unité et l’engagement commun pour l’œuvre de l’évangélisation !
Engagés à réaliser une société plus humaine, ouverte à d’autres et solidaire dans l’amour, nous ne devons pas nous lasser d’ouvrir nos cœurs à l’Évangile. Les chrétiens de divers Mouvements spirituels réunis à Stuttgart confirment que l’Évangile les a conduits à dépasser les nationalismes égoïstes et à voir l’Europe comme une famille de peuples, enrichie de la variété culturelle et des différentes expériences historiques ; l’Europe unie en même temps dans une sorte de communauté soudée par le même destin historique. L’Europe de demain a besoin de cette conscience pour prendre part aux grands événements auxquels l’histoire la convie.
Le dialogue œcuménique contribue essentiellement à développer une identité européenne fondée sur la foi chrétienne. Ce dialogue est au cœur de la rencontre de Stuttgart, où des chrétiens catholiques, avec des protestants et des orthodoxes discutent des questions communes concernant la vie du continent européen. Grâce à un dialogue attentif et respectueux, les Mouvements sont ceux qui offrent une contribution importante pour renforcer le commandement de l’amour du Seigneur parmi les chrétiens.
L’Europe unie cependant ne peut pas ne penser qu’à elle-même et se limiter à son propre bien à l’intérieur de ses propres frontières. L’Europe est appelée à servir le monde, notamment les régions les plus pauvres et oubliées, comme l’Afrique qui souffre de tant de graves problèmes. On ne peut pas construire une maison commune en Europe sans s’occuper du bien de toute l’humanité.
« Nous pouvons dire que l’Europe de l’avenir dépend de sa capacité de regarder au-delà de ses propres frontières, notamment dans la direction de l’hémisphère sud, déchiré par un grand nombre de conflits et où règne l’injustice devenue désormais insupportable ».[2]
L’Europe a besoin de l’engagement et de l’enthousiasme des chrétiens, notamment des jeunes, pour accueillir la bonne nouvelle de l’Évangile du Christ. En effet, « au début du nouveau millénaire s’impose avec urgence le devoir d’un engagement renouvelé de la part des croyants pour répondre aux défis de la nouvelle évangélisation. Dans cette optique un rôle important est confié aux Mouvements d’Église. »[3]
La nouvelle évangélisation donne une âme à l’Europe et aide le continent à ne pas continuer à vivre pour lui-même et à rester enfermé dans ses frontières, mais à construire une société plus humaine qui respecte la vie et à réaliser une présence généreuse sur la scène du monde.
J’envoie bien volontiers ma bénédiction à l’évêque de Rottenburg-Stuttgart et à tous les évêques et prêtres présents à la rencontre de Stuttgart « Ensemble pour l’Europe ». D’autre part, je salue très cordialement les participants de cette grande rencontre, les Mouvements qui l’ont organisée et tous ceux et celles qui se sont unis à ce rassemblement par le dialogue et la prière. Je prie Dieu tout-puissant, Dieu infiniment bon, qu’il bénisse l’œuvre de tous ceux qui diffusent l’Évangile en Euope : qu’il donne à nous tous une ère de paix et de solidarité.
Du Vatican, le 6 mai 2004
Jean-Paul II
[1] Discours à l’occasion de la remise du Prix international Charlemagne de la ville d’Aix-la-Chapelle, 24 mars 2004.
[2]
Lettre au Cardinal
Edward I. Cassidy à l’occasion de
[3] Lettre à Chiara Lubich à l’occasion du 60° annivesaire de l'Œuvre de Marie, du 4 décembre 2003.
initiateur de
prophète pour notre temps.
par Jacques Paragon,
Secrétaire
général de l’Institut St Benoît, Patron de l’Europe
Né au Luxembourg en 1886 comme citoyen allemand,
devenu français à 33 ans, en 1918, au retour de l’Alsace et de
Devenu providentiellement Ministre des Affaires
étrangères du gouvernement français en 1948, il publie le 9 mai 1950, une
« Déclaration » qui invite solennellement les nations démocratiques
européennes à s’associer librement en vue d’édifier une « Communauté de
destin » sans précédent dans l’histoire. De ce jour date la naissance
de l’Europe communautaire. Un chapitre nouveau s’ouvrait alors dans l’histoire
de l’Europe et du monde.
Six pays européens répondirent à cet appel :
l’Allemagne, l’Italie,
Dans son livre-testament Pour l’Europe paru
peu après sa mort, en 1963, Robert Schuman écrit : « Cet
ensemble ne pourra et ne devra pas rester une entreprise économique. Il lui
faut une âme, la conscience de ses affinités historiques et de ses
responsabilités présentes et futures, une volonté politique au service d’un
même idéal humain. »
Devenu député, contre son gré, en 1919, Robert Schuman
reconnaîtra plus tard qu’il était un « instrument » de
Conscient de cela, il se consacra à l’Europe
communautaire dès lors qu’il reconnut avoir été choisi comme instrument pour
engager l’Europe dans une nouvelle phase de sa mission historique. « L’Europe
a procuré à l’humanité son plein épanouissement. C’est à elle qu’il appartient
de montrer une route nouvelle, à l’opposé de l’asservissement, par
l’acceptation d’une pluralité de civilisations, dont chacun pratiquera un même
respect envers les autres » écrit-il dans son livre Pour
l’Europe.
Ce livre dévoile à quel point il avait une vision
prophétique de l’Histoire. Ce n’est qu’à travers une telle vision qu’il a pu
franchir l’abîme qui séparait les heurts sanglants entre nations d’une
collaboration harmonieuse au sein d’un ensemble de type nouveau. Aussi peut-on
considérer Robert Schuman comme un prophète pour notre temps. Un prophète, on
le sait, ne prédit pas des événements à venir, il dévoile les lignes de forces
sur lesquelles se déploie l’avenir. Et l’on voit déjà que l’idéal communautaire
entrevu par Robert Schuman s’esquisse dans d’autres régions du monde que
l’Europe : l’Amérique du Nord et du Sud, l’Asie du Sud-Est et même
l’Afrique. Et ce sera l’unique solution à la tragédie millénaire qui secoue le
Proche-Orient.
Robert Schuman était tellement pénétré de cette vision
communautaire que, de 1953 à 1958, il s’est fait sur plusieurs continents, le ‘Pèlerin
de l’Europe’. Il a déployé en Europe et en Amérique, en français, en
allemand et en anglais, la vision dont il était habité et à laquelle il a donné
la première réalisation concrète dans l’Histoire.
D’où venait cette vision ? Qu’est-ce qui lui donnait cette force nécessaire pour la
traduire dans les réalités politiques réfractaires à tout changement
fondamental ?
Nul doute à cela, la foi était le levain de sa vie et
de son action. Avec le lait maternel, il a bu la foi chrétienne qui orientera
toute sa vie et toute son action. Et il avait une idée très forte de l’idéal
que le christianisme finit par imposer aux hommes et aux nations.
Dans son livre, il écrit : « Le
christianisme a enseigné l’égalité de nature de tous les hommes, enfants d’un
même Dieu, rachetés par le même Christ, sans distinction de race, de classe ou
de profession. Il a fait reconnaître la dignité du travail et l’obligation pour
tous de s’y soumettre. Il a reconnu la primauté des valeurs intérieures qui
seules ennoblissent l’homme. La loi universelle de l’amour et de la charité a
fait de tout homme notre prochain et sur elle reposent depuis lors les
relations sociales dans le monde chrétien. Tout cet enseignement et les
conséquences pratiques qui en découlent ont bouleversé le monde. »
Dans un autre passage, il élargit cette
vision : « La démocratie doit son existence au christianisme. Elle
est née le jour où l’homme a été appelé à réaliser dans sa vie temporelle la
dignité de la personne humaine, dans la liberté individuelle, dans le respect
des droits de chacun, et par la pratique de l’amour fraternel à l’égard de
tous. Jamais avant le Christ de pareilles idées n’avaient été formulées. La
démocratie est ainsi liée au christianisme, doctrinalement et
chronologiquement. Elle a pris corps avec lui,- par étapes, à travers de longs
tâtonnements, parfois au prix d’erreurs et de rechutes dans la barbarie. »
On le voit, Robert Schuman avait une vision claire de
C’est à de bonnes et hautes sources que Robert Schuman
nourrissait sa pensée. L’Histoire lui a offert l’opportunité de traduire dans
les réalités des peuples de l’Europe sa vision prophétique de l’avenir. Robert
Schuman a vraiment voulu donner une âme à l’Europe ; il en a fait l’œuvre
de sa vie.
L’Institut Saint-Benoît
Patron de l’Europe est demandeur de
Cette Cause a été
officiellement reconnue par l’Eglise qui e-st à Metz en juin 1990. L’enquête
canonique requise, longue et méthodique, s’achève au plan diocésain le 29 mai
2004. Le dossier pourra alors être acheminé à rome, pour instruction par
La communauté de l’Arche se présente et fait découvrir l’itinéraire d’une
personne handicapée.
Patrick Zehr,
handicapé mental, a désiré partager avec vous aujourd’hui son itinéraire
personnel : un itinéraire où il a pu renaître et par çà retrouver sa
dignité C’est en son nom et comme sa référant au foyer que je vais vous
transmettre son témoignage.
Patrick
n’est jamais allé à l’école. Profondément handicapé à la suite d’une
encéphalite, il a passé la majeur partie de son enfance à l’hôpital et faute de
trouver une vrai place dans sa famille il a été interné à l’hôpital
psychiatrique dès l’âge de 14 ans.
Là
Patrick abandonné par les siens, y séjourne 16 ans dans des conditions quasi
carcérales.
Par
l’intervention de l assistante sociale du C.A.T où il aidait à fabriquer des
chaussures il entre à l’Arche.
Agé
de 30 ans il arrive avec l’étiquette de débile mental profond, dans un état de
pauvreté totale et de violence aiguë .Une assistante de l’époque nous raconte
maintenant que lorsqu’elle est arrivée au foyer elle a vu une autre assistante
avec un oeil au beurre noir .Et à cela on lui a répondu de ne pas s’inquiéter
‘C’est Patrick’. Elle a pensé que ce Patrick était une terreur. Mais elle fut
bien surprise de voir arriver un petit bonhomme à l’allure sauvageonne :
sa tenue était négligée, il avait la barbe et les cheveux sales. Son corps
avait l’air totalement cassé .A cette époque Patrick inspirait autant la
répulsion que la peur.
Il
frappait souvent sur les assistants. Il y avait une violence énorme en lui et
s’exprimait à coups de poings .Quand il ne comprenait pas il frappait .Son
langage ne comportait que 2 mots :’oui’ et ‘non’
Petit
à petit les assistants s’aperçoivent que lorsque Patrick arrive à communiquer
il cesse d’être violent.
Patrick
semblait avoir une soif infinie de liberté. Il faisait souvent des fugues et en
revenait sal et cassé ; parfois il fallait aller le chercher à l’hôpital .Peut
être voulait-il retrouver ses racines. Des lettres on été envoyées à sa famille
mais il n’y a jamais eu de réponse.
Il a été baptisé par la suite .Au début il
venait pour être avec les assistants et pour regarder les jolies filles, mais
au moment de la consécration il se tournait vers l’autel et suivait la
célébration d’une façon très spécial .Alors on lui a demandé s’il voulait recevoir
Jésus et il a répondu avec une grande force ‘oui ‘
Le baptême a été une belle
fête autour de Patrick .Un moyen pour lui de renaître.
Patrick devenait beau à force
d’être heureux .Au moment de
Et
puis les relations avec Patrick ont évolué, il s’est laissé accompagner sur les
trajets pour aller à son travail .Très vite les fruits sont apparus :
Patrick s’est apaisé, il se sentait rassuré Il s’est senti aimé. Au centre
occupationnel de l’Arche où il travaille on s’est occupé de lui et il a appris
à avoir confiance en lui et dans les autres.
IL
a l’intelligence du faire, Patrick est habile de ses mains, il a pu s’initié a
la peinture, à la menuiserie, à la cuisine, à la piscine et bien d’autres
activités.
C’est
un homme qui aime les sorties culturelles, il est curieux de tout et a un fort
goût de la découverte.
Patrick
a laissé les assistants prendre soins de son corps, de le raser, de l’emmener
chez le coiffeur, chez le dentiste de
l’aider à choisir des vêtements et des lunettes .Au fond Patrick est quelqu’un
de coquet qui apprécie qu’on lui offre de jolies choses .Dans ce climat de
confiance que lui donne le foyer un petit miracle se produit et Patrick se met
à parler de plus en plus et sa violence disparaît totalement.
Patrick
aime énormément regarder se qui se passe autour de lui, il répond facilement un
oui à toute proposition qu’on peut lui faire que se soit pour une ballade ou
bien même pour éplucher les patates.
Il
a appris à différencier ce qui est bien et ce qui est mal .La délicatesse est
réellement présente en lui .Avec le temps Patrick est devenu sociable et
profondément heureux.
Il
y a quelques mois j’ai vécu le décès d’une personne de ma famille, ce fut pour
moi un moment assez douloureux .Patrick a senti la tristesse qui m’habitait et
par sa présence m’a soutenu avec une délicatesse qui dépasse ce que les gens
ordinaires aurait pu me donner.
Patrick
a l’intelligence de la présence et il nous en fait profiter. Je me suis aperçu
qu’il était quelqu’un de très fin qui transmet la joie à son entourage par sa
simplicité et son attention à chacun .Même si en lui il reste une partie cassée
on peut dire qu’il est devenu un homme, un adulte.
Communauté de l’Arche
C’est sur le terrain de l’économie et de l’entreprise que l’expérience dite « économie de
communion » se développe depuis 1991 dans le mouvement des Focolari.
Elle prend sa source dans ce que vivaient les
premiers chrétiens qui ne considéraient pas leurs biens comme leur appartenant,
mais mettaient tout en commun parce qu’ils étaient « un seul cœur et une
seule âme ». Quelle en était la conséquence ? « Aucun parmi eux
n’était dans le besoin ». Voilà ce qui peut résoudre le problème de la
pauvreté, plaie de notre humanité.
L’originalité
de l’économie de communion, c’est que le don, le partage, n’est pas seulement
vécu au niveau individuel mais devient une finalité de l’entreprise. C’est tout
un réseau d’entreprises, 800 environ dans le monde sur tous les continents, qui
apporte un témoignage collectif dont le but est « qu’il n’y ait plus de
pauvres parmi nous ».
Les
chefs d’entreprise font le choix radical de donner une part des bénéfices
dégagés par l’activité de leur entreprise, après avoir réservé la part
nécessaire au réinvestissement, pour les deux buts suivants :
-
l’aide aux
personnes qui n’ont pas de ressources suffisantes, pour qu’elles retrouvent une
place dans la société
-
et le
développement de structures permettant la formation à une culture du don et de
l’amour, qui est celle de l’Evangile.
Ces chefs d’entreprise
sont amenés à vivre dans leur propre
entreprise toujours plus en cohérence avec ce choix. Voici quelques exemples
qu’on pourrait multiplier :
Un paysagiste français,
qui détenait depuis plusieurs années un marché public et comptait sur son
renouvellement, a vu un concurrent l’obtenir par une offre déraisonnablement
basse. Difficile à accepter ! Ce concurrent l’ayant ensuite sollicité pour
une sous-traitance, il était tenté de réagir d’une façon hostile. A cause de
son implication dans l’économie de communion, il a fait un revirement
intérieur. Il est allé rencontrer son concurrent dans une démarche de vérité et
a rétabli avec lui une relation saine. Il a constaté que ce contrat perdu lui a
permis de recentrer son activité sur une autre clientèle, ce qui s’est avéré
profitable, et que le concurrent a eu par la suite un geste bienveillant à son
égard.
Un
entrepreneur du sud-ouest avait créé et développé une entreprise française
fabriquant des gros articles en plastiques. Inventeur passionné, il avait déjà
cédé des licences d’exploitation de ses brevets dans plusieurs pays, quand il
décide d’adhérer à l’EDC dès son lancement en 1991.
Il choisit alors de donner une part des profits de son entreprise. En plus il décide d’offrir, gratuitement cette fois, ses brevets et sa technologie au Brésil. Ce choix l’entraîne à y apporter aussi des capitaux, à les donner, à y passer beaucoup de temps. Les tracasseries administratives y sont inimaginables. Pour démarrer la production là-bas, il doit y passer un mois entier, ce qui est une folie pour un patron avec une centaine d’employés. Il y retourne chaque trimestre depuis, c’est un combat contre la corruption, les problèmes techniques et commerciaux, mais la confiance qui s’instaure avec les brésiliens, leur volonté d’apporter ensemble une contribution efficace pour les gens de ce pays, les pousse à persévérer. Aujourd’hui la société créée là-bas sur place a pris une part de marché significative, et peut générer des profits qui sont partagés.
Des rapports nouveaux entre le personnel et leur patron se construisent: par exemple cet entrepreneur de Bâtiments et travaux publics en Hongrie, qui avait beaucoup impliqué ses ouvriers dans la vie de l’entreprise; quand celle-ci a été victime d’un énorme impayé qui risquait de la couler, le personnel a proposé de venir faire des heures supplémentaires non payées pour terminer rapidement plusieurs chantiers et faire rentrer l’argent, et des clients ont payé immédiatement des travaux effectués qu’ils auraient pu ne payer que plus tard.
L’entreprise a été sauvée.
Cette
culture de l’amour, c’est-à-dire le fait de se considérer, avec chaque homme
sur la terre, comme enfants du même Père, et donc appartenant à la même famille,
est essentielle dans l’économie de communion : on ne peut laisser manquer
du nécessaire un des membres de la famille. Et celui qui est démuni garde toute
sa dignité car il fait partie de la famille. Ceux qui reçoivent les aides le
comprennent de cette manière, et cherchent à partager eux aussi avec d’autres.
C’est
bien une communion qui commence à se réaliser à l’échelle du monde !
Chantal et José Grevin
Macadam Café, à la rencontre des personnes vivant dans la rue.
« Il
posa son regard sur lui et Il l’aima ». Vous aurez peut-être reconnu cette parole de
Macadam, c’est :
- tous les jeudi
soirs, nous nous retrouvons à la paroisse de
- nous commençons par
un temps de louange, de prière,
- puis nous partons
deux par deux avec une thermos et de quoi partager un café ou une soupe et nous
nous dispersons autour de la paroisse.
L’idée de Macadam
vient de jeunes de la paroisse qui voulaient rencontrer des personnes de la
rue. Quand celles-ci veulent bien nous accueillir, le but est de passer
ensemble un moment gratuit, apprendre à les regarder avec bienveillance,
apprendre à les aimer.
Nous vivons donc avec
elles des moments de joie. Je pense par exemple à Jean-Claude, un barbu plein
d’humour, avec qui nous avions pris un verre de soupe. En se disant au revoir,
il nous a dit : « eh bien moi, j’ai passé une bonne
soirée ! » (nous aussi, d’ailleurs !) Un autre jour, il nous a
dit : « vous êtes mes amis ».
Mais nous partageons
aussi des moments plus difficiles. Je pense à Danièle : quand je l’ai
rencontrée, j’ai vu son gros manteau gris sale, ses chaussures percées, elle
avait une odeur pas facile à supporter. Or, nous la connaissons depuis des mois
et sa situation n’évolue pas. J’avais du mal à accepter cette souffrance.
Cependant, en parlant un soir de Danièle avec d’autres personnes de Macadam,
j’ai pensé à Jésus souffrant. Lui, Dieu fait homme, a connu profondément la
souffrance. Il nous montre à travers cela la dignité de tout homme, même le
plus démuni. Or, notre espérance est de savoir qu’après ses souffrances et sa
mort, Jésus est ressuscité, c’est notre foi de chrétien. Nous pouvons donc
croire que Dieu peut transformer la souffrance.
En fin de soirée, nous
nous retrouvons à la paroisse, et nous prenons un temps de prière. Nous
présentons à Dieu les personnes rencontrées, et nous-mêmes… pour le laisser
poser son regard sur chacun. Nous concluons en récitant le « Notre
Père ».
Le paradoxe de Macadam
est de pouvoir dire nous-même merci aux personnes que nous rencontrons.
Eux peuvent nous dire merci pour le geste que nous faisons… mais nous pouvons,
nous aussi, vraiment les remercier, pour leur accueil, l’attention qu’ils nous
portent, le bon moment passé ensemble, les trésors de qualité humaine que nous
découvrons chez eux…
Finalement, c’est une
façon de reconnaître mutuellement la dignité de chacun : se regarder et
s’aimer.
Macadam Café
Les urgences en hôpital, un médecin face à la détresse sociale, la canicule, la fin de vie.
L’accident d’autocar,
les malades entassés dans un couloir ….. la canicule…des souffrances intolérables…… des
drames humains…. Tout ça, c’est bien
notre réalité quotidienne au service des urgences….C’est aussi très souvent le
lieu de dernier recours pour tant de détresses psychologiques et sociales qui
ne trouvent réponse nulle part ailleurs.
Quoi
de plus urgent que ces détresses? Et la réponse n’est pas toujours technique.
Un
homme s’approche de moi. Il vient remercier. Il me rappelle ce moment où je lui
ai demandé de me montrer son visage ?
Il
est venu récemment, spontanément, après une nuit d’insomnie et dans un état
profondément suicidaire. Evalué immédiatement par le psychiatre, il a été
considéré comme un homme au comportement simulateur et placé dans notre unité.
Les
aides-soignantes me font part de leur inquiétude ! Je passe régulièrement
près de sa chambre et le vois, chaque fois, assis sur une chaise, tête baissée,
prêt à repartir ! Il ne bouge pas, il ne mange pas, il ne se couche pas.
Bien
que n’étant pas le psychiatre, laissant tout, je décide d’intervenir. Je rentre
dans sa chambre et le salue. Il ne bouge pas d’un pouce. Je m’assoie face à lui
et essaie d’entrer en communication. Peine perdue !
Peu
à peu, cependant, émergent quelques mots, quelques phrases. Là je lui demande
de lever la tête que je puisse au moins voir son visage, ses yeux. Il lève
alors la tête, les larmes coulent et il me dit : j’ai tellement
honte !
Mais
honte de quoi ?
De
l’entretien ressort un divorce, une relation difficile avec son ex-femme et ses
enfants, une solitude profonde malgré le soutien de sa mère, un échec
professionnel.
Cette
longue écoute a bousculé tout mon programme mais aussi dénoué la situation.
Ce
moment lui a sans doute permis, au moins pour un temps, de retrouver une lueur d’espoir.
Et c’est pour cela qu’il revient nous voir, c’est de cela qu’il vient nous
remercier! Il lui reste un long chemin à parcourir et sur ce chemin, notre
équipe, passant au-delà d’un premier jugement,
a apporté sa petite contribution.
La
mort aussi est là aux urgences! S’acharner ou mettre fin brutalement à une vie
sont ils les deux seules alternatives ?
Ce matin là, personne ne comprend pourquoi
cette personne atteinte d’un cancer évolué a reçu d’un premier médecin une
thérapeutique qui va manifestement abréger ses jours et d’un autre médecin des
produits de réanimation active. Les infirmières attendent une réponse de ma
part.
Voyant
la situation immédiate de moins en moins critique, voyant aussi les jeunes
enfants de cette patiente, je comprends qu’il y a un dernier moment essentiel à
vivre pour cette maman. Longuement je l’écoute, j’accueille son fils aîné et
j’apprends peu à peu où ils en sont, tous.
A
ce fils confronté si jeune à cette mort, je peux dire combien l’important en
ces moments douloureux est l’amour qui passera entre eux, l’amour qu’elle
pourra lui donner, qu’il pourra lui exprimer, celui qu’il aura avec ses jeunes
frères, la manière dont il leur permettra de communiquer avec leur maman et
dont elle pourra être en paix, la manière aussi dont eux pourront vivre ce
deuil.....
Puis
je l’emmène dans la chambre et, par quelques mots, je les mets en contact.
Lui
a pris sa main, les quelques mots échangés montrent qu’aucun des deux ne se
réfugie derrière on ne sait quel « secret ». Je peux partir et les laisser
seuls dans ce coeur à coeur.
Il
peut ensuite parler avec ses jeunes frères et les amener auprès de leur maman.
Peu
après, il m’a dit combien ce moment avait été important. La patiente est
ensuite partie vers un autre service et a pu vivre encore quelque temps.
Ainsi
a aussi été confirmée l’attitude courageuse de ma collègue engageant une
réanimation active malgré des avis contraires.
Jean-Marc Beaufils
En famille. Nous avons 2 enfants de 3 ans et demi et de 2 ans et demi, et nous sommes mariés depuis 6 ans. Nous sommes rentrés aux Équipes Notre Dame il y a 3 ans.
Nous avons décidé de nous y engager car ce mouvement répondait à notre désir d’approfondir notre vie de couple et notre vie spirituelle. Nous étions très attirés par un engagement vécu en couple et pas chacun de notre côté.
Cela
fait peu de temps que nous sommes aux Equipes Notre Dame, mais cependant le
mouvement nous a déjà beaucoup apporté et enrichi.
Et
ceci à plusieurs dimensions : vie personnelle, vie de couple, vie
familiale et engagements vers les autres.
Nous
cherchons avant tout à mettre Dieu au
centre de notre vie personnelle par la pratique quotidienne de la
prière et de la lecture de
Nous
cherchons ensuite à mettre Dieu au centre
de notre couple. Le Devoir de s’asseoir nous permet non pas de
régler nos comptes à coup de paroles accusatrices du type « tu laisses
toujours traîner tes chaussettes » mais plutôt, en se mettant en présence
de Dieu, de mettre à plat un certain nombre de difficultés mais aussi
d’exprimer nos joies. Ainsi, notre amour grandit l’un pour l’autre. Des
résolutions très concrètes sont prises en couple : ainsi Antoine à décider
malgré un travail très prenant de rentrer deux soirs par semaine avant le
coucher des enfants. Cécile essaye de prendre plus de temps pour se reposer
quand la fatigue se fait sentir.
En famille,
les Équipes Notre Dame nous guident pour toujours essayer de donner une
éducation chrétienne à nos enfants. La pratique de la prière familiale, réduite
au début au strict minimum pour les tous petits, ouvre une nouvelle dimension à
la famille. Des conseils pratiques sont échangés en équipe : par exemple,
demander à nos enfants les personnes qu’ils veulent plus particulièrement
confier au Seigneur, prévoir une bougie par enfant, ne pas désespérer n’y
s’énerver quand l’enfant de deux ans préfère jouer aux voitures pendant la
prière.
Le
fait également de voir des couples plus âgés, rayonnants, engagés depuis
longtemps aux Équipes Notre Dame est une grande richesse pour nous et
pour notre famille. Ils nous montrent le chemin car ils progressent toujours
après des années et des années de pratique de propositions souvent exigeantes
faites par les Équipes Notre Dame.
Lors
de rencontres du mouvement, les enfants peuvent également suivre des activités
manuelles et spirituelles qui leur sont propres. Ainsi la vie du mouvement peut
être comprise et partagée par toute la famille.
Après
avoir atteint un certain équilibre de vie personnelle, conjugale et familiale,
nous pouvons alors nous tourner vers
l’extérieur et les Équipes Notre Dame nous y aident. Ce n’est pas
un mouvement d’action, c’est un mouvement d’actifs. Par le ressourcement
spirituel qu’il propose, il aide à l’évangélisation. Ainsi, après deux ans aux Équipes
Notre Dame avons-nous choisi de nous engager au sein de l’aumônerie des
lycées de notre ville. Le fait de vivre en équipe permet à tous les membres de
partager et de nous soutenir par la prière dans nos engagements. Antoine fait
également partie d’une association qui favorise la réflexion pour l’éthique en
entreprise. Cécile participe à la fondation d’une école.
Les
engagements extérieurs, aussi bien dans la paroisse que dans la cité, peuvent
être discernés avec calme au sein de l’équipe. Autour de nous des membres de
notre mouvement ont choisi de s’engager dans divers lieux : l’une est
conseillère municipale, un couple est responsable d’un groupe qui accompagne
les personnes qui vivent un deuil, d’autres ont reçu un mandat de l’évêque pour
une mission auprès des jeunes.
Notre
engagement aux Équipes Notre Dame est renouvelé chaque année. Nous
revoyons à ce moment-là les raisons qui nous motivent pour continuer dans le
mouvement. C’est aussi l’occasion de faire un point sur nos différents
engagements extérieurs, donner des priorités à nos actions et fixer des
objectifs pour l’année suivante en ayant toujours en tête de centrer notre vie,
dans toutes ses composantes, sur Dieu.
A et C J
Tibériade, accueil de malades du SIDA.
Tibériade est un Centre d’accueil pour les personnes
séropositives et malades du Sida,
créé par Mgr Lustiger en 1988
Lors
d’un voyage à New York en 1986, le Cardinal Lustiger eut l’occasion de visiter
le Centre de Mère Teresa qui accueille des malades du Sida dans un contexte
médicalisé. Elle lui demanda : « Existe-t-il un centre chrétien de ce
genre à Paris ? » Ce à quoi il répondit : « Non, pas
encore, mais en rentrant à Paris, je vous promets de m’occuper de la question »
Une
association a donc été créée, puis un lieu a été trouvé pour cet accueil
spécifique qui a débuté en mai 1988. Mère Teresa elle-même est venue le visiter
juste avant l’ouverture.
Le
fonctionnement a été confié à
Le Centre Tibériade est donc un lieu d’accueil et d’écoute de jour, non médicalisé. Il est ouvert tous les jours (même le dimanche) de 12h00 à 19h00 sauf le mercredi. Un repas est servi chaque jour ainsi qu’un goûter.
C’est
un lieu qui est beau, au niveau architectural, situé dans un beau quartier de
Paris.
Il
est fréquenté chaque jour par une trentaine de personnes qui ont entre 25 et 70
ans et qui viennent de milieux très différents et de divers pays du monde.
Souvent, leur enfance a été très perturbée et leur vie a été bien
« cabossée ». Toute question trop personnelle serait reçue comme
indiscrète.
L’accueil
y est donc tout simple et discret. Nous ne demandons ni les noms de familles ni
les adresses ou numéros de téléphone. Nous accueillons les personnes telles
qu’elles sont, sans jugement, sans poser de questions, sans chercher à savoir
si elles ont un projet de vie…. Il serait d’ailleurs très difficile pour
beaucoup d’en avoir un, étant donné leur passé de souffrances. C’est pourquoi,
nous passons de longs temps à les écouter gratuitement comme parce qu’ils sont
tout simplement nos frères. Nous essayons de leur partager notre espérance et
de les aimer tels qu’ils sont, comme Dieu
peut les aimer. Il les connaît par leur nom et nous sommes souvent les
témoins émerveillés de sa miséricorde pour chacun.
Nos
accueillis ne viennent pas là seulement pour manger, même si pour beaucoup, le
repas qui leur est servi représente une grande aide. Ils viennent pour être
moins seuls, parler de leur séropositivité, de leur angoisse devant la maladie,
et les traitements médicaux souvent
lourds qu’ils doivent prendre…
C’est
une vraie convivialité qui se vit là, un peu comme dans une famille, autour des
repas, avec le partage des soucis et des joies, tout ce qui fait notre
quotidien. Nous fêtons ensemble les temps forts comme Noël et Pâques, et aussi
les anniversaires. Beaucoup nous appellent lorsqu’ils ne peuvent venir et nous
donnent leurs coordonnées. Nous les visitons parfois chez eux ou à l’hôpital.
Nous
voyons certains se remettre debout, retrouver une dignité, après un temps plus
ou moins long d’apprivoisement. Bien souvent privés dès leur jeune âge
d’affection et d’amour véritable, ils trouvent à Tibériade l’amour et la
confiance dont ils ont manqué. Les seules règles à Tibériade, écrites un jour
par un de nos habitués qui n’avait pas su retenir sa tempête intérieure :
« Ni drogue, ni alcool, ni violence » Et si ces règles existent,
c’est qu’il peut y avoir à Tibériade des tempêtes climatiques dignes du Lac de
Tibériade dont le Centre tire son nom, et Jésus les apaise toujours et dit
« Paix à vous ! », comme il a pu le faire jadis en Terre Sainte…
Et chacun essaie de contribuer à l’esprit de paix du lieu.
Tout
le monde accepte le fait que c’est un lieu d’accueil de l’Eglise Catholique, et
chaque personne se sait accueillie, quelle que soit sa religion ou sa foi.
Beaucoup
disent que c’est leur famille et certains pour montrer leur attachement,
ajoutent avec humour : « c’est ma drogue, je ne peux m’en passer »
Tibériade
Andrea Riccardi
Fondateur de
Europe : Histoire et esprit
L’histoire de l’Europe vient
de loin. Et si l’actualité nous montre un monde uniformisé –
« mondialisé » comme on dit – on ne peut pas fermer les yeux devant
la variété des hérédités qui ont fait de l’Europe un continent
particulier : nous les voyons dans nos villes, qui se sont souvent
maintenues à échelle humaine à la différence des grandes métropoles du Sud du
monde ; nous les trouvons dans nos monuments et nos modes de vie ;
nous les constatons en nous-mêmes. De diverses hérédités religieuses, mais aussi
de diverses hérédités historiques. On ne peut parler d’une seule hérédité.
L’Europe est à la fois une et
plurielle. Plurielle, car son Occident est marqué par la culture catholique et
protestante ; et son Orient par la culture byzantine. Pour certains pays,
comme l’Italie,
Mais l’histoire de ce
continent un et pluriel est aussi l’histoire d’un monde où la pluralité a
atteint un paroxysme dans une folie d’orgueil qui l’a fait déboucher sur la
guerre. Oui, parce que notre continent a été celui des guerres, des haines
transmises de génération en génération, des destructions, des massacres.
L’Europe du xxe siècle s’est consumée en deux terribles guerres, qualifiées de
mondiales. Parce que, en 1914-1918 et en 1939-1945, la guerre entre Européens
voulait dire guerre mondiale. La guerre en Europe signifiait guerre mondiale.
Il y a eu l’expression de la folie nazie et fasciste, l’agression d’un peuple
qui s’était imaginé être supérieur aux autres. Mais nous ne pouvons pas oublier
que, à la racine des guerres, il y avait la malédiction séculaire de l’Europe,
de peuples imbus de leur propre égoïsme national et donc habitués à se
combattre.
Quelques grandes figures
européennes – tels que De Gasperi, Schuman, Adenaueur, qui furent l’expression
d’une génération – méditèrent sur les ruines produites par la guerre, la
destruction de Berlin, les millions de vies humaines sacrifiées sans raison,
les camps d’extermination et de concentration. De cette méditation naquit un
rêve, qui était aussi une exigence profonde de l’histoire et de l’esprit :
l’unité. La pluralité de l’Europe, celle de ses sujets, pouvait être conjuguée
à l’unité. On ne pouvait pas maintenir sa propre diversité sans l’unité. Le
rêve de l’unification européenne était né qui, pendant un demi-siècle, aura été
l’horizon de l’occident européen et puis du continent tout entier. Une
bénédiction après la malédiction de la guerre.
Dans les années
quatre-vingts, alors que Jean-Paul II parlait d’une « grande
Europe », le rêve semblait encore irréalisable ou réalisable seulement en
partie. En deux générations nous avons assisté à une immense mutation :
l’extinction des haines séculaires et l’édification d’une étroite
collaboration. Les jeunes générations européennes ne se pensent plus en conflit
les unes contre les autres : elles considèrent leur avenir ensemble, les
unes avec les autres.
L’histoire de l’Europe est un
drame, pas une tragédie. Il ne faut pas oublier le drame que nous avons
derrière nous. Quand on parle d’Europe, je me rends d’abord spirituellement à
Auschwitz pour me souvenir : me souvenir de millions de femmes, d’hommes,
d’enfants, à qui la vie a été volée. Que d’années de vie volées ! Des
millions de juifs, qui avaient survécu pendant des siècles dans notre
continent, malgré un antisémitisme rampant, ont été tués sans raison. Il n’y a
jamais de raison de tuer ; pourtant on a voulu détruire le judaïsme parce
qu’il rappelait à la folie nazie l’existence d’un lien entre les hommes et d’un
sens de la vie qui allait bien au-delà du culte de la race. Avec les juifs des
centaines de milliers d’autres, des Tziganes – petit peuple nomade d’Europe
sans nationalité – des Polonais, des Slaves, des handicapés, et combien
d’autres ! C’est à partir d’Auschwitz que va se développer une méditation
sur l’Europe.
Il ne faut jamais oublier le
drame qui a suscité l’unification européenne : le sacrifice d’un grand
nombre. Ce sacrifice a fait comprendre aux Européens qu’ils ne devaient pas
faire du berceau de civilisations millénaires la patrie de la barbarie
technologique.
C’est pourquoi, à partir des
années quarante, l’histoire de l’Europe ne s’est pas transformée en tragédie.
Le processus de l’unification européenne a commencé. Mais nous ne pouvons pas
oublier le drame ! Cela fait désormais cinquante ans les européens ne se
combattent plus. Il n’y a plus eu de guerre mondiale. Mais n’est-ce pas trop
peu ? Le grand rêve, au début du 3e millénaire, doit être : la
paix européenne, ce qui signifie la paix mondiale. De même que la guerre en
Europe signifiait guerre mondiale, aujourd’hui la paix européenne doit devenir
paix mondiale. Mais ce rêve est encore bien lointain ! L’Union européenne
a signifié la paix en Europe. Nous espérons que cela signifie, demain, la paix
dans le monde.
De grands pas en avant ont
été faits, ainsi que de grands sacrifices. L’Est européen est intégré
progressivement dans l’ensemble de l’Europe. Mais il manque encore quelque
chose à la construction européenne. Nous le sentons et nous le voyons. Nous le
constatons dans le manque d’élan de l’Europe. Nous le percevons dans ses
relations avec les autres mondes non européens. Du reste, une telle
construction ne se bâtit pas en un seul jour. Mais nous sommes heureux d’être à
Stuttgart avec des chrétiens de tous les coins d’Europe pour prendre conscience
de ce qui nous manque et surtout de ce que nous devons faire. Nous courons en
effet un grand risque : que l’Europe soit le continent des intérêts et de
l’économie. C’est un monde pour lequel il ne vaut pas la peine de vivre et de
mourir. Les visages fatigués et dépaysés des nouvelles générations, si
éloignées des drames du xxe siècle, et en même temps si réticentes à se laisser
entraîner dans de grandes et nouvelles passions constructrices, sont éloquents
à cet égard.
Mais ce ne sont pas ces
visages-là, chers amis, que je vois autour de moi, autour de nous : je ne
vois pas des visages fatigués et dépaysés, mais des visages heureux et
reconnaissants d’avoir reçu un don. Un don reçu par des chemins divers :
les chemins variés des nombreux Mouvements chrétiens d’Europe. Oui, parce que
l’Europe est aussi l’Europe des Mouvements. Et les Mouvements ont la saveur de
l’Europe. Ces Mouvements sont transversaux : du Portugal à l’Ukraine,
au-delà même des frontières de l’Union, ils réunissent autour d’une
spiritualité et d’un élan vital d’amour les citoyens de divers pays. Ils les
relient, ensuite, aux gens du monde entier dans une communion
authentique : des Amériques à l’Afrique, à l’Asie. Parce qu’être chrétiens
européens, loin de faire de nous les habitants d’une grande île confortable,
nous fait citoyens du monde entier.
Pourquoi les visages
européens qui sont ici ne sont-ils ni dépaysés ni résignés ? Ils viennent
de différentes traditions, les anciennes traditions chrétiennes du
continent : catholique, orthodoxe, protestante. L’antique tradition chrétienne
se conjugue avec une expression juvénile et le sentiment d’un avenir, le
sentiment d’un avenir commun. Derrière ces visages, il y a un cœur. Le livre de
Ben Sirac dit : « C’est le cœur de l’homme qui modèle son
visage » (Si 13,25). Le cœur naît, ou mieux renaît, lorsque l’Évangile
l’appelle à vivre. Souvent notre Europe est sans cœur. Sans cœur vers le grand
Sud du monde : vers l’Afrique qui est le banc d’essai de la conscience
européenne. Sans cœur dans la vie personnelle, dans la vie associative et
politique.
En effet le cœur renaît
lorsque l’on reçoit le don de
Les Mouvements ici réunis,
petits ou grands, anciens ou récents, ne s’estiment pas les meilleurs :
l’Évangile nous rends tous conscients, car il est nécessaire de bien se
connaître soi-même, que nous sommes petits et pécheurs. Nous n’avons pas grandi
à l’école d’une quelconque arrogance politique ou religieuse, mais à l’écoute
de celui qui se définit lui-même « doux et humble ». Et pourtant nous
nous sentons porteurs d’un don, un don à vivre avec reconnaissance et d’un don
à communiquer.
Nous ne sommes pas porteurs
d’intérêts, mais avec Pierre et Jean, qui s’arrêtent à la porte du temple de
Jérusalem dite
Au cœur de l’Évangile se
trouve un secret de vie pour tout homme et toute femme. L’apôtre Paul proclame
la résurrection de Jésus et écrit : « Et il est mort pour tous afin
que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et
ressuscité pour eux. » (2 Co 5,15). L’Évangile appelle chacun à se
convertir d’une vie tournée vers soi à une vie qui se donne à celui qui est
mort et ressuscité pour tous : « afin que les vivants ne vivent plus
pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Vivre
pour le Christ signifie vivre pour tous.
L’Europe de l’esprit commence
lorsqu’un homme ouvre son cœur à
Je voudrais, chers amis,
souligner deux aspects qui découlent de cette ouverture au don de l’Évangile.
Le premier est que cette Europe ne peut pas vivre pour elle-même. Elle n’est
pas une grande île confortable. L’arrivée des immigrés – ceux qui ont réussi à
ne pas être engloutis par la mer ou à survivre au désert africain – qui
abordent les côtes méridionales de notre continent après de longs voyages sous
le signe de l’espérance est éloquente à cet égard. Le grand sud du monde,
l’Afrique, comme le pauvre Lazare, est assis à la porte d’un riche européen qui
se rassasie à un banquet princier. L’Europe doit se lever de table et embrasser
Lazare son frère, et empêcher que ses plaies ne soient léchées par les chiens.
L’Europe doit franchir le seuil de sa maison, ses frontières du sud, avec amour
et sens des responsabilités.
Pour nous chrétiens, l’Europe
ne peut pas vivre pour elle-même. Et l’Afrique, l’Afrique des guerres (avec ses
douze conflits ouverts), celle des 30 millions de séropositifs (sur un
total mondial de 42 millions), est le premier continent que nous rencontrons
sur notre chemin. Là vivent les 2/3 de l’humanité exclue du bien-être. Et cette
Afrique partage notre destinée : ou nous vivrons ensemble ou nous périrons
ensemble.
Le deuxième aspect : nos
cœurs, qui se sont ouverts au don de l’Évangile, désirent que l’Europe unie,
l’Europe de l’esprit, parle de paix au monde. L’Europe de l’esprit n’a pas de
frontière, elle est reliée à tous, notamment à ceux qui souffrent en raison de
la guerre, qui est mère de toutes les misères. Que le message de l’Europe au
monde soit la paix, mais une paix effective, construite avec ceux qui se
haïssent et se combattent, réalisée dans les endroits où sévissent les 33
conflits en cours dont 90 % des victimes sont des civils.
L’Europe de l’Esprit ne peut
que produire les fruits de l’esprit pour la vie du monde. L’apôtre
affirme : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, foi » (Gal 5,22). C’est pourquoi, au début
de ce siècle, nous voulons vivre le don de l’Évangile qui ouvre les cœurs à
l’Esprit et qui donne des fruits de paix, d’amour et de solidarité. De l’unité
des divers Mouvements, de leurs différences mais aussi de leur profonde
communion de sentiments et de foi, nous croyons que pourra surgir une force de
bien et une barrière contre le mal. De la prière commune des uns avec les
autres peut surgir une force d’amour. On lit dans le livre d’Esther que face à
une perspective d’événements tragiques qui s’abattaient contre lui le peuple
juste fut bouleversé. Mais Mardochée fit un songe : « À son cri,
comme d’une petite source, naquit un grand fleuve, des eaux débordantes. La
lumière se leva avec le soleil. Les humbles furent exaltés… » (Esther 1,
1h-1k).
Gérard et Marie Christine de
Roberty,
responsables
internationaux des Équipes Notre-Dame
L’Europe des couples et des
familles
« Que
deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt
18,20)
Cette
parole fondatrice des Équipes Notre-Dame peut être reprise par nos mouvements
et communautés réunis pour fonder leur action en faveur d’une “ Europe
fraternelle, de justice et de paix “. Là ou les hommes s’unissent, le Christ
est avec eux, Il vit en eux, Il agit par eux.
Qui
pouvait penser, en 1938, que la démarche de Madeleine Deilly auprès du vicaire
de sa paroisse St Augustin à Paris, le Père Henri Caffarel, aurait un tel
retentissement et bouleverserait une certaine conception du couple et de la
famille.“ Monsieur l’abbé, disait elle, nous sommes jeunes mariés et nous
voudrions mieux vivre de notre mariage, alors que tout nous pousse à vivre
différemment ; La réponse fut: “ réunissez quelques amis et réfléchissons
ensemble“. Aujourd’hui, 9200 équipes de
4 à 6 foyers et un prêtre se réunissent chaque mois, pour prier et faire
avancer la construction de leurs couples, de leurs familles, dans l’entraide
spirituelle et matérielle, par le partage et la formation. Forts de leur
enracinement dans la foi et vivant la fraternité en équipe, petite cellule
d’église, ils bâtissent spirituellement et humainement leur vie à la lumière de l’Évangile et
construisent
Fondatrice et Présidente du
Mouvement des Focolari
L’Europe unie pour un monde uni
Mesdames,
Messieurs, frères et sœurs, chers amis,
Toute
la journée il a été question de l’Europe, et en particulier de l’Europe de
l’esprit.
Nous
avons vu la contribution que nous pouvons apporter à sa réalisation, notamment
par l’intermédiaire des Mouvements et communautés spirituelles ou
charismatiques.
À
ce point, nous nous demandons : avons-nous mené à bien tout ce qui devait
naître de
Dans
la pensée des fondateurs et des pères de l’Europe unie, l’Europe n’était pas
non plus le but ultime de l’effort de leur union.
Dans
l’esprit de ses fondateurs, l’Europe est donc une famille de peuples frères,
ouverte à une mission universelle : l’Europe désire son unité pour
contribuer à l’unité de la famille humaine.
L’unité
de la famille humaine.
Viser
à l’unité de la famille humaine, n’est-ce pas, dans l’esprit de beaucoup, une
espérance illusoire ?
Je
pense le contraire, car avoir pour objectif un monde uni est plutôt ce que
demandent les signes des temps.
L’union
des États est déjà, dans le monde, une réalité, signe d’une exigence
incontournable.
Les
rapports entre États se consolident, sur tous les continents, comme en témoigne
la récente Union Africaine, les Conférences latino-américaines, et d’autres
encore. Et l’existence des Organisations internationales à vocation
universelle, parmi lesquelles le rôle des Nations Unies est déterminant pour
connaître, affronter et gérer, avec le concours de tous les États, les
principaux problèmes qui concernent la vie des peuples et des nations.
Viser
une Europe unie pour parvenir à un monde uni peut être, par conséquent, l’une
des contributions finales à la réflexion que nous avons menée ici à Stuttgart.
Demandons-nous
alors : pour avancer avec notre temps, avec Dieu et selon ses plans sur
l’Europe et le monde, quelle est la meilleure façon d’agir ?
Nous
l’avons déjà annoncé, mais il est bon de le répéter : la meilleure façon
d’agir tout de suite est de traduire en vie l’idée-force de la fraternité
universelle, au moyen de l’art d’aimer dont nous avons parlé.
Il
est possible, il est nécessaire de vivre cet art en politique également, et
c’est une contribution indispensable pour parvenir au monde uni.
Il
n’est pas rare que les Mouvements charismatiques s’intéressent au monde
politique, même si leur objectif principal est d’ordre religieux. Dans leur
nouveauté de vie, sont impliqués de simples citoyens, des politiques de divers
partis, des fonctionnaires, des diplomates, bref des sujets de la vie
politique.
Et
l’objectif des hommes et femmes politiques qui adhèrent à ces Mouvements est de
vivre sans cesse dans un climat de fraternité, climat propice pour s’ouvrir aux
valeurs profondes et éternelles de l’homme. Dans un deuxième temps seulement,
ils pourront agir dans le domaine politique.
Le
choix de s’engager en politique est pour eux un acte d’amour, par lequel ils
répondent à un appel personnel, ou par lequel ils désirent répondre à un besoin
social, à un problème de leur ville, aux souffrances de leur peuple, aux
exigences de l’époque.
Un
croyant y reconnaît clairement la voix de Dieu qui l’appelle. Celui qui a d’autres
convictions répond à un appel de l’humanité, qui a trouvé un écho dans sa
conscience.
Ces
hommes et femmes politiques ne se contentent pas d’aimer tout seuls. Ils
s’efforcent d’amener les autres – adversaires ou alliés – à l’amour, parce que
la politique est relation, elle est un projet commun.
Une
autre expression de la fraternité en politique consiste à aimer le pays de
l’autre comme le sien. L’humanité pourrait atteindre à la plus haute dignité si
les hommes se percevaient non pas tant comme un ensemble de peuples souvent en
lutte entre eux, mais, grâce à l’amour réciproque, comme un seul peuple, riche
de la diversité de chacun et garant de l’identité de chacun dans l’unité.
Certes
tous ces aspects de l’amour qui réalisent la fraternité passent nécessairement
par le sacrifice. Savoir porter sa croix est la condition sine qua non.
Le
politique, en effet, doit savoir prendre sur lui-même les divisions, les
déchirures, les blessures des siens.
Ce
sera donc une conclusion utile à
Oui,
en vue du monde uni.
En
vue de cette mission, ce qui nous inspire et ce qui motive notre action est le
Testament de Jésus, la longue prière qu’il a adressée au Père avant de mourir.
Il
ressort clairement de cette prière que l’unité de la famille humaine fait
partie du dessein de Dieu depuis la création et indique le chemin pour
surmonter les divisions non seulement territoriales mais celles qui découlent
de choix politiques, de conditions ethniques, religieuses, linguistiques (cf. 1
Co 12°.
Le Testament de Jésus apparaît
alors, dans ces conditions, comme contenant en lui-même le germe de toute forme
d’intégration et d’unité entre les peuples : l’unité et la méthode pour
l’atteindre : l’amour réciproque. La conséquence en est le refus des
discriminations, des guerres, des conflits, des nationalismes, des
revendications exacerbées d’intérêt national ; c’est l’exigence de mettre
à la disposition de tous les peuples les biens de la création comme dons de
Dieu ; c’est l’idée de communion, de fraternité universelle en acte.
Jean-Paul II,
dans son Message en 1995 à l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la
seconde guerre mondiale, s’adressait ainsi aux jeunes : « La
mission vous est confiée d’ouvrir des voies nouvelles pour la fraternité entre
les peuples, pour bâtir une famille humaine unique. [¼] Que retentisse dans la conscience de tous cet
appel : aime les autres peuples comme ton peuple. »
Mesdames,
Messieurs, frères et sœurs, vous qui appartenez à divers Mouvements et groupes.
Il
y a quelque temps, un politique, qui est peut-être présent, nous a fait part de
son idée sur cette journée. Nous voudrions que son idée devienne une
espérance : « La réalité vitale des Mouvements – disait-il – qui
parcourt la vie de notre continent comme un magma incandescent, mais
souterrain, doit percer la croûte terrestre et faire en sorte que ce feu
devienne visible. Ainsi, la société et notamment le monde politique en seront
secoués et transformés. Suscitons une sorte de court-circuit qui les mette en
contact et faisons en sorte que la vraie vie puisse conditionner la société au
point que l’on ne puisse plus s’en passer. »
Stuttgart
pourrait être cette occasion.
Fasse
le Seigneur que cela se réalise.
Je
vous remercie de m’avoir écoutée.
Message du Sous-Directeur général pour la Culture à l’occasion de la rencontre « Europa »
Stuttgart
8 mai 2004
Mesdames, Messieurs, Jeunes de toute l’Europe
J’ai le plaisir de vous adresser ce message à l’occasion de la réunion des jeunes européens et des mouvements œcuméniques de toute l’Europe à Stuttgart, continent qui depuis ce 1er mai, accueille 10 nouveaux membres.
Je faut tout d’abord saluer les initiateurs de ce projet, Mme Chiara Lubich qui a reçu le prix UNESCO pour la paix en 1996, et le Professeur Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio avec qui nous entretenons un accord de coopération aussi bien dans les programmes relevant de l’ éducation, de l’humanitaire ou du dialogue interculturel et interreligieux. Vous avez su créer un élan pour un monde plus solidaire, car, en effet, les guerres et la pauvreté des faubourgs romains – le borgate - ont forgé chez l’un et chez l’autre, la nécessité de mettre en action des projets concrets, en faisant surtout appel à la générosité des jeunes.
Il faut souligner que vos idéaux d’antan sont plus que jamais d’actualité aujourd’hui, notamment dans un monde globalisé qui peut créer à la fois une meilleure connaissance des peuples et de leurs cultures, mais aussi creuser un fossé, non seulement par le partage inégal des richesses, mais également par le poids des malentendus et des ignorances réciproques. De ces deux facteurs mêlés peuvent résulter des guerres et des replis identitaires, des violences et des extrémismes incontrôlables.
L’Europe, au départ, a dû surmonter les malentendus qui ont surgi dans le monde chrétien lui-même : les guerres de religion qui ont ensanglanté son sol en sont la preuve, et en cela, les mouvements œcuméniques ont beaucoup œuvré à la pacification des esprits et montré la voie pour œuvrer en faveur de causes communes tels que l’éradication de la pauvreté, le développement durable , l’éducation pour tous et l’apprentissage du « vivre ensemble » par le dialogue interculturel et interreligieux.
Aujourd’hui, l’Europe compte aussi de très nombreuses populations qui ne sont pas de confession chrétienne, n’oublions pas les juifs enracinés dans ce continent même avant que le christianisme ne soit majoritaire ; tous ceux qui cherchent un sens à leur vie sans nécessairement passer par une institution à caractère religieux ; et surtout les musulmans qui ont, depuis le moyen-âge, apporté leur pierre à l’édifice de la construction européenne par la transmission de leur savoir qui a permis l’éclosion de la philosophie scholastique. Tous ces courants de pensée forment la diversité culturelle et spirituelle de l’Europe. Il s’agit de la préserver et de la garder comme un atout majeur dans la construction de ce continent qui, en raison de cette diversité, peut servir de pont entre les civilisations, cultures et traditions spirituelles, entre les différents peuples et pays.
L’UNESCO, née de la barbarie et des décombres d’une guerre mondiale qui a bafoué ces idéaux, voudrait, à l’instar de vos mouvements, que ce combat contre l’ignorance et les malentendus mutuels se poursuivent car nous avons la tâche de léguer aux jeunes générations un monde où les valeurs humanistes seront partagées par tous. Les jeunes d’aujourd’hui sont les responsables du monde de demain, ils sauront bâtir une société plus égalitaire et plus solidaire.
Je suis particulièrement heureux que votre manifestation soit partagée avec nous par vidéo-conférence dans la salle I, le 8 mai, grâce à l’initiative du Centre Catholique International pour l’UNESCO. Il ne me reste qu’à souhaiter un plein succès à vos travaux et que vos réflexions soient suivies par des actions concrètes visant la promotion du dialogue entre cultures et religions.
.
Ensemble pour l’Europe
Message du Rassemblement
(En allemand – Lu par Helmut Nicklas, YMCA de Münich)
L’Europe
en est arrivée à un tournant de son existence, qui sera décisif pour son
avenir ; elle ne peut en effet se limiter à un marché ou une union
garantissant la sécurité de ses habitants. On perçoit un nouveau souffle de
l’amour de Dieu sur tous les peuples de l’Europe qui la pousse à être beaucoup
plus.
Continent
aux beautés les plus diverses, elle a vécu des moments de splendeur et de
croissance, mais a éprouvé aussi l’amère vérité que, sans référence à des
valeurs profondes, l’homme se trouve arraché à son humanité et se révèle
capable d’atrocités.
Au
siècle dernier, les deux guerres mondiales, les camps de concentration, le
goulag et, d’une manière particulière,
Cependant,
malgré tous ces maux, nous constatons aujourd’hui avec gratitude que s’affirme
une Europe réconciliée. Une Europe libre et démocratique.
(En italien – Lu par Andrea Riccardi, Communauté Sant’Egidio)
Animés
par la force rénovatrice de l’Évangile, nous nous sentons appelés à travailler
pour un continent uni et varié.
Nous
qui sommes réunis ici à Stuttgart des quatre coins du continent et qui
appartenons à plus de 150 mouvements et groupes de différentes Églises et
communautés chrétiennes, nous voulons témoigner la nouveauté de la communion
qui grandit entre nous, sous l’action de l’Esprit.
Cette
communion de vie est un ultérieur résultat des traditions culturelles qui, à la
lumière de la révélation judéo-chrétienne, ont édifié notre continent au cours
des siècles. Nous offrons cette communion comme notre contribution à une Europe
capable de répondre aux défis de notre temps.
(En Français – Lu par Marie-Christine de Roberty, Équipes Notre-Dame)
Les
charismes, les dons de Dieu, nous poussent sur la voie de la fraternité
universelle, qui est pour nous la vocation la plus profonde de l’Europe. La
fraternité n’est autre que l’amour évangélique vécu entre tous, toujours
renouvelé, en commençant ici et maintenant.
La
fraternité :
Est :
Partage de biens et de ressources ;
Égalité
et liberté pour toutes et pour tous ;
Approfondissement
du patrimoine culturel commun ;
Ouverture
à ceux qui sont porteurs d’autres cultures et d’autres traditions
religieuses ;
Amour
solidaire avec les plus faibles et les plus pauvres de nos villes ;
Sens
profond de la famille ;
Respect
de la vie tout au long de son parcours naturel ;
Souci
de la nature et de l’environnement ;
Développement
harmonieux des moyens de communication.
Par
cette fraternité vécue, l’Europe devient elle-même message de paix ; une
paix active, qui se construit au quotidien, avec à la base le pardon accordé
aussi bien que demandé. Une paix qui veut construire des ponts entre les
peuples, “ mondialisant ” la solidarité et la justice.
(En anglais – lu par Kitty Artuthnott, Cours Alpha)
Ce
message, loin d’être une simple déclaration d’intentions, veut témoigner une
réalité encore à ses débuts mais déjà bien présente parmi nous.
Réunis
à Stuttgart et en même temps dans plus de 150 villes du continent, nous voulons
travailler avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté pour une
Europe de l’amour et de la fraternité, consciente de ses responsabilités et
ouverte au monde entier.
Ambassadeur de
L'Union Européenne n'est pas née le l er mai 2004, même si nous avons vécu ensemble, le samedi dernier, un moment très important.
L'intégration de l'Europe est une aventure humaine de longue date. L'un de ses inspirateurs a été, sans aucun doute, un citoyen d'origine français, Jean Monnet. Permettez moi de m'arrêter à deux aspects qui m'inspirent, aujourd'hui.
Jean Monnet a commencé comme professionnel dans une entreprise familiale dans le domaine de la vente d'un produit bon, d'un produit bien français, dans le domaine du cognac. Cette activité commerciale et son engagement dans le monde de la politique l'ont amené à voyager beaucoup: d'abord, en Grande Bretagne, ensuite au Canada, aux Etats Unis, en Chine, où il a vécu plusieurs années. Et, il connaissait, bien sûr, les pays qui forment, aujourd'hui, l'Union Européenne.
Jean Monnet a beaucoup voyagé. Il savait ce que c'était que de s'expatrier. S'expatrier, cela veut dire vivre ailleurs qu'à la maison, quitter son propre pays. Si nous quittons notre chez-nous, nous sommes, d'abord obligés de porter une attention plus particulière à ceux qui sont autour de nous: à leurs habitudes, à leur culture, à ce qui leur est précieux. En quelque sorte, nous devenons plus attentifs à ce qui se passe aussi dans le monde. Et, en même temps, nous sommes amenés à nous interroger sur nous-mêmes: sur notre propre vécu, notre propre culture, notre propre pays. En partageant notre vie avec ceux qui sont autour de nous, loin de nos maisons, nous tissons un vécu commun qui nous enrichit et qui peut nous porter dans l'avenir. Ce tissu de relations, nous le gardons même si nous sommes de retour à la maison.
Jean Monnet a été un homme très discret, presque invisible. Néanmoins, son oeuvre a été beaucoup plus importante que le travail de ceux qui sont vus en première ligne. Il le disait lui-même: il préférait travailler en discret, plutôt que de se présenter.
Si je réfléchis sur ce qui est important pour l'intégration européenne aujourd'hui, c'est de savoir s'expatrier, de vivre ailleurs, de tisser des liens humains qui portent toute autre activité, aussi visible soit-elle.
Certes, nous avons surtout besoin des institutions communes, de passeports communs, de normes partagées qui nous permettent de vivre ensemble. Néanmoins, nous avons besoin également d’un vécu commun.
Mesdames, Messieurs Chers amis,
Vous vous êtes rassemblés, aujourd'hui pour fêter les retrouvailles de l'Union Européenne. Vous venez de nombreuses communautés et de nombreux mouvements qui travaillent dans les sociétés européennes pour tisser des liens de solidarité, de compréhension, d'un vécu commun. Souvent, votre activité ne se limite pas strictement au cadre d'un État, d'une ville ou d'une région. Vous êtes très souvent amenés à vivre et à travailler avec des frères et soeurs de pays et de langues différentes. Vous travaillez souvent dans la discrétion, sur un plan qui n'est peut-être pas à la une des journaux, mais qui est tout aussi important.
Aujourd'hui, je vous ai parlé d'un citoyen français. Je me dis que je me suis dépaysé moi aussi. Une prochaine fois, il faudrait parler d'un roi de Bohème, de Jiri y Podebrad, qui â rêvé d'une coopération des royaumes au moyen âge. Il faudrait parler de Jan Amos Comenius, qui a du s'expatrier pour des raisons de religion et a travaillé sur comment réconcilier, une fois pour toutes, de grands conflits entre des pays de l'époque. Il faudrait parler de Tomas Garrigue Masaryk, notre premier président des années 20 et 30, grand humaniste et homme d'État dans le sens moderne du terme.
Demain, c'est la fête de l'Europe. C'est une fête des institutions, bien sûr. Mais c'est également une fête de citoyens. De tous ceux qui tissent un tissu de relations humaines qui sont si importantes pour que le monde vive en paix.
Je vous souhaite une très bonne fête.
Centre Catholique International
de Coopération avec l’UNESCO
Depuis plus de cinquante ans, le CCIC constitue un lieu de réflexion, d’information et d’échange. Son action est basée sur des convictions, la solidarité et l’engagement.
Grands axes préférentiels d’intervention :
1. Porter le message de l’UNESCO au monde chrétien et proposer à l’UNESCO le message chrétien (catholique) ; d’où la nécessité de renforcer et de réaffirmer ensemble nos propres convictions, pour ensuite les donner à connaître (consolidation des fonctions et des instruments d’information et de communication du CCIC.
2. Rassembler dans l’unité de la vision chrétienne la pluralité de nos engagements ; d’où la nécessité d’analyser avec des experts, d’abord entre organisations catholiques et de manière critique, les grands enjeux inhérents aux divers domaines de compétence de l’UNESCO, en débattre entre nous et, le cas échéant, identifier des stratégies d’intervention à l’interne comme à l’externe.
3. Maintenir le dialogue et promouvoir une vision chrétienne des problématiques prioritaires des partenaires de l’UNESCO ; d’où la nécessité de prévoir quelques colloques annuels autour de questions transversales comme, par exemple, la marchandisation de l’homme aujourd’hui à travers la mondialisation, l’éducation et la science, la vision chrétienne de la justice et du développement (faire rebondir les axes essentiels de la pensée sociale de l’Eglise), les enjeux du dialogue et de la vérité entrevus sous l’angle de l’interculturel et de l’interreligieux, etc…
4. Croiser les intérêts et les compétences entre les divers centres catholiques œuvrant auprès des instances des Nations Unies (Paris, Genève et New York) ; d’où la nécessité de mieux nous connaître afin de mieux collaborer et mieux servir les causes qui sont les nôtres.
5. Proposer des partenariats et des actions de terrain, particulièrement dans les secteurs de la formation au dialogue et à la vie internationale. Les suggestions des membres et amis du CCIC seront toujours les bienvenues.
6. Identifier des partenaires financiers intéressés à s’engager et à vivre avec nous la mission du CCIC. Des démarches en ce sens ont déjà été entreprises et des mécanismes concrets de collaborations se mettent en place.
Une fonction d’information
Par son service « Informations rapides » diffusé par Internet tous les quinze jours, où sont présentés d’une part les principaux documents de l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, de la science, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication, d’autre part des informations sur le travail des chrétiens de base dans ces domaines. Réalisé en français, anglais et espagnol, de service est diffusé auprès de 6.000 entités à travers le monde (UNESCO : fonctionnaires au Siège et Bureaux régionaux, Délégations gouvernementales, Commissions nationales – dans le monde catholique : Saint-Siège et dicastères pontificaux, conférences épiscopales, diocèses et communautés de base, organi-sations catholiques internationales, agences de développement et catholiques individuels).
Par sa revue trimestrielle « Le Mois à l’UNESCO » éditée en français, anglais et espagnol. Chaque numéro comprend un dossier d’analyse d’une des composantes du programme de l’UNESCO afin de créer un dialogue entre les spécialistes du programme de l’Organisation et la vision d’une action catholique. On y trouve ensuite des informations sur les grandes activités de l’UNESCO dans les domaines de l’éducation, de la science, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication, puis des informations sur les activités des chrétiens dans ces domaines à travers le monde. La revue est diffusée par Internet et est éditée en version papier.
Une fonction de réflexion
Par des colloques intitulés « Conversations du CCIC - Ensemble, rechercher et partager la vérité », cycle de rencontres bi-annuelles avec pour thème central en 2004-2005 « l’humain au cœur du monde ». Les conversations visent à créer des occasions pour tous les membres du CCIC et leurs partenaires de se rencontrer et de partager, de discuter, de confronter, de structurer leurs attentes et leurs espérances au regard de la place de l’humain au cœur du monde.
Quatre Colloques/Conversations du CCIC seront proposés aux divers publics du Centre au cours de 2004-2005. Une thématique transversale les coiffera : celle de l’humain au cœur du monde. L’approche multi-interdisciplinaire (et/ou trans-disciplinaire) est adaptée à cette démarche. Cette thématique se décline en quatre moments et en autant de rencontres (conversations). Une idée centrale éclaire l’ensemble : en contexte de mondialisation, comment répondre à la « marchan-disation » de l’être humain ? En d’autres termes, comment concilier l’efficacité économique et la dignité humaine ?
1ère Conversation (12 juin 2004) : Marchandisation (réification /chosification) de la personne. Que propose la vision chrétienne de la personne et de la société ?
2ème Conversation (automne 2004) : Marchandisation de l’éducation. La formation intégrale de la personne. Ses défis et ses promesses. Comment orienter la science au service de l’humain ? Le message chrétien.
3ème Conversation (2005) : Marchandisation de la culture. La culture est-elle un bien de consommation comme un autre ou jouit-elle d’un statut particulier ? Vision chrétienne de la culture.
4ème Conversation (2005) : Marchandisation du travail. Les implications économiques et sociales de l’actuelle révolution du travail : quel devenir pour l’humain ? Une vision chrétienne du travail aujourd’hui.
Une fonction de présence
Auprès des représentants des organisations internationales catholiques (OIC) entretenant des relations avec l’UNESCO, pour les aider à réaliser leurs actions. Des réunions sont organisées toutes les six semaines, avec la présence d’intervenants sur des sujets traités par l’UNESCO. En 2004 le thème central est la paix et la diversité culturelle.
Une fonction d’accompagnement
Suivi des groupes de travail de la Conférence des OIC :
- « Famille », programme visant à la proposition d’une meilleure place des valeurs familiales dans les domaines de l’éducation, des sciences, des sciences sociales et humaines, de la culture et de la communication dans les programmes des organisations internationales du système des Nations Unies
- « Education-Communication », qui se préoccupe du comment apprendre la paix, comment éduquer les enfants, les enseignants, les universitaires et les responsables d’éducation non formelle, au regard de l’humanisme chrétien.
- « Economie solidaire » : dans le contexte de la mondialisation et de l’économie solidaire, comment faire la promotion de cette économie pour qu’elle puisse apparaître comme une alternative ?
Recherche d’experts et de documents pertinents dans leurs domaines et expertise permettant leur implication dans les décisions des organismes internationaux des Nations Unies
Une fonction d’accueil
Réponse aux demandes de tous les individus qui s’interrogent sur les thèmes de l’UNESCO.
Une action de terrain
En concertation avec les membres du CCIC
- Avec l’OIEC (Office International de l’Enseignement Catholique), formation de formateurs à la citoyenneté et au vivre ensemble pour les pays africains, à Dakar, août 2004
- Journée à l’UNESCO « Ensemble pour l’Europe » le 8 mai
- Préparation d’un projet de formation de formateurs aux métiers de l'artisanat du cuir pour les enfants de la rue à Madagascar.
- Formation à l’économie pour des prêtres dans le cadre des « Chemins d’Humanité »
La création du CCIC a accompagné celle de l’UNESCO en 1946. Ce fut une initiative de Monseigneur Jean Rupp et de Jean Larnaud, qui allait en être le Secrétaire général de 1951 à 1995, une initiative prise avec l’appui de Son Excellence Monseigneur Roncalli, alors Nonce apostolique à Paris.
Au regard du droit canonique, le Centre Catholique International de Coopération avec l’UNESCO (CCIC) est une association internationale de fidèles publique d’Eglise. La désignation de son directeur est soumise à l’approbation du Saint-Siège, qui nomme aussi auprès de lui un conseiller ecclésiastique.
Le CCIC est une association de droit français (loi de 1901) dirigée par des laïcs et rassemblant des organisations ou mouvements catholiques et des membres individuels, clercs ou laïcs, établis dans de nombreux pays. L’Association a été reconnue « œuvre de bienfaisance » par décret préfectoral en date du 14 juin 2001.
Le Conseil d’administration :
Président : Pr Mgr Guy-Réal Thivierge (Canada), Secrétaire général de la Fédération internationale des Universités catholiques, Paris
Vice-Président : M. Raimund Kern, Missio-Aachen, Allemagne
Secrétaire : Alcinou Da Costa (Sénégal), ancien fonctionnaire de l’UNESCO, chargé de la communication en Afrique
Trésorier : M. François de Laage de Meux, Président du Comité français de la Chambre de Commerce internationale
Conseiller ecclésiastique : Père Hugues Derycke, Secrétaire général adjoint de l’Enseignement catholique de France
C.C.I.C.
9, rue Cler – 75007 Paris
Tél. 01.47.05.17.59 – Télécopie : 01.56.90.92
Courriel : infos@ccic-unesco.org
[1]
Déclaration Schuman, Ministre
des Affaires étrangères de